AzerbaïdjanUn vétéran du pétrole nommé à la tête de la COP29
Un ancien dirigeant de la compagnie pétrolière Socar présidera en novembre prochain la conférence de l’ONU sur le climat.
Pour la seconde année consécutive, un homme du pétrole présidera la conférence de l’ONU sur le climat, l’Azerbaïdjan ayant nommé son ministre de l’Écologie et des Ressources naturelles, Mukhtar Babayev, ancien de la compagnie pétrolière Socar, comme président de la COP29 qui se tiendra en novembre à Bakou. «Son Excellence Mukhtar Babayev a été nommé président désigné de la 29e session de la conférence des parties», a écrit à l’AFP, vendredi, Rashad Allahverdiyev, un responsable du ministère, dans un courriel.
L’an dernier, les Émirats arabes unis, hôtes de la COP28, avaient choisi Sultan Al Jaber, patron de la compagnie nationale Adnoc, pour présider la conférence de l’ONU, qui s’est conclue en décembre, à Dubaï, sur un appel historique à une «transition» hors des énergies fossiles, la première fois qu’une COP lançait un tel appel.
La présidence sortante de la COP a d’ailleurs félicité M. Babayev, qui représentait son pays aux négociations de Dubaï. «Nous travaillerons avec les présidences de la COP29 et de la COP30 (au Brésil, ndlr), ainsi qu’avec l’ONU Climat, pour concrétiser le succès historique et transformateur de la COP28 et maintenir l’objectif de 1,5 °C à portée de main», a écrit la présidence de la COP28 dans un message sur X.
Le gouvernement azerbaïdjanais a également nommé le vice-ministre des Affaires étrangères, Yalchin Rafiyev, comme négociateur en chef pour la COP29.
Longue expérience chez Socar
Les COP sont organisées chaque année dans une zone différente, et les pays hôtes sont désignés par consensus par les pays de la zone. En 2023, les pays asiatiques avaient désigné les Émirats, et cette année, après des mois de blocage, c’est finalement l’Azerbaïdjan qui a été désignée par les pays d’Europe de l’Est, qui incluent la Russie.
M. Babayev a travaillé de 1994 à 2003 au département des relations économiques extérieures de Socar (State Oil Company of Azerbaijan Republic), la compagnie nationale pétrolière et gazière du pays, avant de changer pour le département du marketing et des opérations économiques. De 2007 à 2010, il fut vice-président chargé de l’écologie de la compagnie pétrogazière.
Il est ministre de l’Écologie et des Ressources naturelles depuis 2018. Les présidents de COP, historiquement, ont tous été des ministres ou des diplomates, jusqu’à l’exception de 2023. Sultan Al Jaber est président d’Adnoc, l’un des plus gros producteurs de gaz et de pétrole du Golfe, tout en ayant représenté de multiples fois son pays aux COP, et en dirigeant la société émiratie d’énergies renouvelables, Masdar.
Double casquette
Sa double casquette avait été critiquée pour le risque de conflits d’intérêts, et des documents ont montré un mélange des genres entre les intérêts d’Adnoc et ceux de la COP28, dans la préparation de réunions avec des gouvernements étrangers.
Le paysage de la prochaine COP rappellera les Émirats. Bakou fut l’une des capitales mondiales du pétrole au début du XXe siècle, explique à l’AFP Francis Perrin, spécialiste de l’énergie à l’Institut de relations internationales et stratégiques, «avec des intérêts russes, Shell et les frères Nobel à l’époque». Le pays a développé à partir des années 1990 de gros gisements pétroliers et gaziers en mer Caspienne, poursuit-il.
Aujourd’hui le gaz est devenu plus important que le pétrole pour l’Azerbaïdjan, membre de l’Opep+, principalement exporté vers l’Europe. «Le pays reste aujourd’hui très dépendant des hydrocarbures qui représentent un peu moins de 50% de son PIB, un peu plus de 50% de ses recettes budgétaires et un peu plus de 90% de ses recettes d’exportation», ajoute Francis Perrin.