En pleine crise énergétique, BP a fait un bénéfice record

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CarburantsEn pleine crise énergétique, BP a fait un bénéfice record

Le géant pétrolier britannique a gagné 27,7 milliards et versé de généreux dividendes à ses actionnaires. Du coup, il n’est pas prêt à renoncer aux hydrocarbures.

Au lieu de diminuer de 40% sa production de pétrole et de gaz d’ici 2030, BP pense plutôt ne le faire que de 25%.

Au lieu de diminuer de 40% sa production de pétrole et de gaz d’ici 2030, BP pense plutôt ne le faire que de 25%.

AFP

Le géant des hydrocarbures britannique BP a annoncé mardi un résultat annuel dopé par les cours des hydrocarbures, accompagné d’importantes distributions à ses actionnaires. Il a également déclaré ralentir le rythme de sa transition énergétique, au grand dam des écologistes.

BP voit son bénéfice hors éléments exceptionnels, indicateur le plus suivi par les marchés, plus que doubler sur un an à 27,7 milliards de dollars, un record absolu, dans la foulée de prix du pétrole et du gaz tirés vers le haut, notamment par la guerre en Ukraine. Les investisseurs applaudissaient: l’action BP grimpait de 4,15% à 498,20 pence à la Bourse de Londres mardi matin.

42,3 milliards pour Shell

Ce résultat est publié dans la foulée de son compatriote Shell, qui avait annoncé la semaine dernière le bénéfice le plus élevé de son histoire en 2022, à 42,3 milliards de dollars. Il suit aussi des résultats spectaculaires de ses rivaux américains ExxonMobil et Chevron et attise les appels à une taxation plus importante en pleine crise du coût de la vie.

Mais le conflit en Ukraine a aussi pesé lourdement sur le groupe, qui voit son résultat net tomber dans le rouge: la perte nette part du groupe atteint 2,5 milliards de dollars, à cause d’une charge de plus de 24 milliards de dollars reflétant la sortie du russe Rosneft, dont il détenait 19,75%.

BP a par ailleurs annoncé mardi qu’il comptait renforcer ses bénéfices d’ici 2030 en investissant davantage à la fois dans les renouvelables mais aussi les hydrocarbures, ce qui va ralentir le rythme de sa transition énergétique.

Deux tiers des résultats venant des hydrocarbures

Le groupe prévoit ainsi une augmentation des investissements jusqu’en 2030 qui pourra atteindre 8 milliards de dollars dans les énergies à bas carbone et autant dans le pétrole et gaz, portant le total de ses investissements annuels à une fourchette comprise entre 14 et 18 milliards de dollars jusqu’en 2030. BP estime que cela devrait augmenter le résultat d’exploitation de 3 milliards de dollars en 2025 et de 5 à 6 milliards de dollars en 2030, dont les deux tiers proviendraient des hydrocarbures.

En conséquence de ces investissements supplémentaires, et en conservant certains actifs plus longtemps, BP s’attend à ce que sa production de pétrole et gaz en 2030 atteigne environ 2 millions de barils par jour, soit 25% de moins qu’en 2019, contre une diminution de 40% attendue précédemment.

«De l’argent sale avec le pétrole et le gaz»

Malgré des résultats records, BP «revient en arrière sur ses récentes promesses climatiques. Il est clair que le chauffage de nos maisons continuera de coûter cher à la Terre», a réagi Friends of the Earth dans un communiqué.

Greenpeace, qui reconnaissait un an plus tôt que BP était doté du plan «le plus ambitieux des géants pétroliers» pour sa transition, déplore mardi que ces engagements «semblent avoir été fortement sapés par la pression des investisseurs et des gouvernements pour faire encore plus d’argent sale avec le pétrole et le gaz».

De fait, BP a annoncé mardi une hausse de 10% de son dividende pour le quatrième trimestre, ainsi qu’un nouveau programme de rachat d’actions de 2,75 milliards de dollars. Les redistributions aux actionnaires ont dépassé 14 milliards de dollars pour 2022. «En termes de perspectives, le groupe s’attend à ce que le prix des hydrocarbures reste relativement robuste grâce à la reprise de la demande chinoise, tandis que les marges de raffinage devraient également rester élevées compte tenu des sanctions russes», relève Richard Hunter, analyste chez Interactive investor.

Taxer les géants pétroliers

Mais en pleine crise économique, de telles largesses alimentent les critiques. «Plus de la moitié» des bénéfices de BP «vont directement vers des actionnaires super riches, alors que des millions de personnes n’ont même pas les moyens de chauffer leurs maisons», dénonce l’ONG Global Justice Now, qui appelle à taxer encore plus les géants pétroliers.

Le gouvernement britannique a introduit en mai, puis augmenté en fin d’année à 35% une taxe sur les bénéfices énergétiques exceptionnels, tout comme l’UE qui a adopté fin septembre une «contribution temporaire de solidarité». BP a indiqué mardi que la taxe exceptionnelle britannique a pesé en 2022 à hauteur de 1,8 milliard de dollars dans ses comptes, et la contribution européenne à hauteur de 505 millions.

(AFP)

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