Conflit – Les généraux, symboles des très lourdes pertes russes en Ukraine

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ConflitLes généraux, symboles des très lourdes pertes russes en Ukraine

De sept à quinze selon les estimations: tel serait le nombre d’officiers de haut rang tombés au combat au sein de l’armée russe. Si Moscou n’en reconnaît qu’un, certains lui reprochent des errances tactiques et un manque de prudence.

La mort d’Andrei Paliy, commandant adjoint de la flotte de la mer Noire, a été confirmée dans des combats autour de Marioupol par le gouverneur de Crimée.

La mort d’Andrei Paliy, commandant adjoint de la flotte de la mer Noire, a été confirmée dans des combats autour de Marioupol par le gouverneur de Crimée.

REUTERS

L’ampleur des pertes russes en Ukraine, même si les chiffres restent invérifiables, atteint à l’évidence des proportions considérables, symbolisées par un phénomène constaté dès les premiers jours du conflit: la mort de nombreux généraux et officiers supérieurs.

Vendredi, l’Ukraine a affirmé avoir tué le commandant de la 49e armée du district sud de la Russie, le général Iakov Rezantsev, soit, selon elle, le septième officier de ce rang depuis le début de la guerre. La mort d’Andrei Paliy, commandant adjoint de la flotte de la mer Noire, a par ailleurs été confirmée dans des combats autour de Marioupol par le gouverneur de Crimée.

«Que l’on parle de cinq ou de quinze, le seul fait qu’ils perdent des généraux démontre que la chaîne de commandement et de contrôle russe est extrêmement faible.»

Colin Clarke, directeur de recherche du Soufan Center

Le conseiller du président ukrainien Mykhaïlo Podoliak décrivait la semaine passée «l’extraordinaire» taux de mortalité des officiers russes, y voyant le signe de «l’impréparation totale» de l’armée de Moscou. «Des dizaines d’officiers de rang intermédiaire (lieutenants, capitaines, ndlr) ont été tués», affirmait-il. Des médias, citant des communications russes interceptées par les Ukrainiens, ont même évoqué l’assassinat d’un officier russe par ses propres soldats, excédés.

Un seul général, selon Moscou

Moscou n’a pour sa part admis la mort que d’un général. Certaines sources en évoquent 15. Les vérifications indépendantes sont à ce stade impossibles. «Je regarde ces chiffres avec une grande prudence», explique Colin Clarke, directeur de recherche du Soufan Center, un groupe de réflexion basé à New York. «Mais que l’on parle de cinq ou de quinze, le seul fait qu’ils perdent des généraux démontre que la chaîne de commandement et de contrôle russe est extrêmement faible.»

«Le véhicule du commandant est reconnaissable par ses antennes et les autres véhicules qui le protègent.»

Alexander Grinberg, analyste au Jerusalem Institute for Security and Strategy

L’ex-armée rouge, pourtant précédée d’une flatteuse réputation, a témoigné de grandes faiblesses dans la qualité de son renseignement, sa logistique, ses errances tactiques. Ces faiblesses «obligent les chefs à aller très en avant sur les lignes de contact», constate un haut responsable militaire français. Il avance des hypothèses: «Les ordres sont mal compris ou mal reçus, les unités n’obéissent pas, ou il y a problème majeur de moral qui oblige les généraux à aller en tête». Et il confirme une probable stratégie ukrainienne. «Quand on veut désorganiser une chaîne de commandement, on vise les têtes.»

Grâce à un missile ou à un drone

Sur le terrain, les responsables opérationnels sont quasiment identifiables à l’œil nu, précise Alexander Grinberg, analyste au Jerusalem Institute for Security and Strategy. Le véhicule du commandant est reconnaissable par ses «antennes et les autres véhicules qui le protègent». Les Ukrainiens peuvent alors le «cibler avec un missile antichar ou, encore mieux, avec un drone d’attaque». Les observateurs occidentaux soulignent que le Kremlin ne semble pas très attentif aux pertes humaines et que la culture militaire russe, encore marquée par l’héritage soviétique, s’appuie traditionnellement sur sa puissance quantitative.

«Les chiffres comptent, en particulier les officiers supérieurs», assure Colin Clarke. «Que Poutine sacrifie des conscrits et des mercenaires comme chair à canon est une chose, mais si les informations sont exactes» sur ces pertes de très haut niveau, «l’information parviendra à l’opinion publique et provoquera des maux de tête à l’élite russe». 

Silence du côté russe

(AFP)

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