ConflitÀ Davos, des Ukrainiens exposent les «crimes de guerre russes»
Au Forum de Davos, des Ukrainiens ont repris l’un des lieux traditionnels de représentation des Russes pour convaincre les Occidentaux d’accélérer leurs mesures de soutien à l’Ukraine.
Des photos de cimetières. Des corps sous des bâches noires. Une main ensanglantée sur la chaussée. Un enfant sous respirateur à l’hôpital, un bébé dans les bras d’un soldat. Des ruines et des bâtiments détruits, des impacts de bombes. Les photos sont exposées, depuis lundi, dans une maison aux volets rouges sur la Promenade, la rue principale de Davos, où d’ordinaire les Russes organisent des conférences de presse.
Mais ces derniers ont été bannis par le Forum économique mondial (WEF), qui réunit, cette semaine, les élites politiques et économiques mondiales dans la station grisonne. Et les Ukrainiens ont transformé leur «maison russe» en «maison des crimes de guerre russes», où ils organisent toute la semaine divers événements pour raconter ce qui se passe dans leur pays, qui résiste depuis trois mois à l’invasion lancée par Vladimir Poutine.
«Si nous racontons l’histoire de cette tragédie le plus largement possible, peut-être que cela sauvera des vies», veut croire Viktor Pintchouk, un homme d’affaires ukrainien dont la fondation fait partie des organisateurs.
Pas de bilan global
À côté des photos, sur un mur entier, une grande carte, de son propre aveu «incomplète», recense les «crimes de guerre russes en Ukraine». Tout en haut, un bilan au 6 mai: 4177 civils tués, dont 226 enfants, et 4378 blessés, dont 417 enfants. Des chiffres détaillés également sur la carte, région par région. Mais à certains endroits, comme à Marioupol, où le siège et les bombardements russes ont duré des semaines, il n’y a que des points d’interrogation.
Il n’existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit, mais pour la seule ville de Marioupol, les autorités ukrainiennes parlent de 20’000 morts.
Une grand-mère a traversé quatre frontières pour récupérer son petit-fils
En dénonçant les atrocités de la guerre, les Ukrainiens espèrent convaincre la communauté internationale d’accélérer son aide à leur pays et ses sanctions contre la Russie. Dans un discours en visioconférence, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a encore réclamé, lundi, davantage d’armes pour défendre son pays et des sanctions «maximum» contre la Russie, qu’il voudrait voir mise au ban du commerce international. Des revendications qui reviennent chez la plupart des représentants ukrainiens venus à Davos.
«Aujourd’hui, nous avons besoin de vous», affirme ainsi Andriï Yermak, le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, lors d’une intervention en visioconférence à la «maison des crimes russes». «Nous ne nous battons pas seulement pour nous. Le sort de l’Europe et du monde est en jeu.»
«Les Russes en uniforme semblent s’inspirer de la définition du génocide de la convention de l’ONU de décembre 1948», dénonce-t-il. Il raconte aussi des histoires d’enfants blessés, et comment la grand-mère de l’un d’entre eux emmené par les Russes a dû traverser quatre frontières pour récupérer l’enfant.