Guerre en UkraineL’accord sur les céréales reconduit pour l’hiver
La veille de son échéance, le texte qui permet d’exporter les céréales ukrainiennes depuis ses ports de la mer Noire a été prolongé pour quatre mois. L’ONU craignait une crise alimentaire mondiale.
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L’Initiative sur les céréales en mer Noire a permis de sortir plus de onze millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens en quatre mois.
REUTERSL’accord permettant les exportations de céréales ukrainiennes depuis les ports d’Ukraine a été reconduit pour les quatre mois d’hiver, levant les inquiétudes sur une possible crise alimentaire mondiale. Les quatre parties impliquées dans cet accord, la Turquie, l’Ukraine, la Russie et les Nations unies, ont confirmé, jeudi, la poursuite de cette entente, «sans aucun changement» a précisé la diplomatie russe.
Trois des parties impliquées dans cet accord, la Turquie, l’Ukraine et les Nations unies, ont confirmé, jeudi matin, la poursuite de cette entente, qui associe également la Russie. Mais Moscou n’a pas confirmé à ce stade.
L’Initiative sur les céréales en mer Noire, qui devait expirer vendredi soir, a permis de sortir plus de onze millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens en quatre mois. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a «salué» la nouvelle, selon le Centre de coordination conjointe, basé à Istanbul, qui supervise les mouvements de bateaux via le Bosphore.
«Nouveaux arrangements» possibles par la suite
Selon un haut responsable turc, s’exprimant sous couvert d’anonymat, l’accord a été étendu pour quatre mois, «selon les mêmes conditions» que celles observées depuis le mois de juillet. Toutes les parties se sont accordées pour que «l’accord reste en place pour 120 jours, durant les mois d’hiver», et de «nouveaux arrangements» pourront être pris ensuite à la sortie de la mauvaise saison en mer Noire.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, l’un des artisans de cet accord, s’était dit, mercredi, «convaincu» que l’accord serait reconduit.
Céréales «indispensables»
D’intenses tractations sous l’égide de l’ONU étaient menées, ces dernières semaines, pour assurer la prolongation de ces arrangements, alors que plus de dix millions de tonnes de céréales restent bloquées dans les silos d’Ukraine. Ces céréales sont indispensables pour stabiliser les cours sur les marchés internationaux et pour ravitailler les populations les plus vulnérables aux risques de faim, en particulier en Afrique.
«L’ONU est pleinement engagée à lever les obstacles qui entravent les exportations de produits agricoles et engrais de la Fédération de Russie.»
Sur les onze millions de tonnes exportées à ce jour, environ 40% ont été servies aux pays en développement. Dans son communiqué, Antonio Guterres précise que «l’ONU est pleinement engagée à lever les obstacles qui entravent les exportations de produits agricoles et engrais de la Fédération de Russie».
Moscou s’était temporairement désengagé de l’accord et avait exigé sa suspension, le mois dernier, après la chute d’un missile en Crimée annexée, avant d’y revenir. La Russie «n’a pas formulé de nouvelles exigences», selon un négociateur. Mais elle a insisté, ces dernières semaines, sur le principe, agréé l’été dernier, de ses propres exportations d’engrais et de produits alimentaires. Un accord séparé, parallèle à celui sur les céréales ukrainiennes, avait été signé en même temps, le 22 juillet à Istanbul.
Hors sanctions
Les produits agricoles ne tombent pas sous le coup des sanctions à l’égard de la Russie, mais, en raison des risques liés au conflit encourus en mer Noire, les armateurs ne voulaient plus engager leurs bateaux, faute de pouvoir les assurer.
Selon une source au sein des Nations unies, associée aux tractations, il a fallu «travailler dur» pour trouver les moyens de garantir les exportations russes. Un cadre a pu être établi «en matière d’assurance, d’accès aux ports, de transactions financières et d’accès au transport maritime», cohérent avec les trois systèmes de sanctions en vigueur, des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union européenne. «Il fallait clarifier ce cadre politique, pour que les acteurs du secteur privé soient prêts à se réengager avec la Russie.»
L’ONU a d’ailleurs «facilité, à titre humanitaire», la livraison de 260’000 tonnes d’engrais russes, dont la première cargaison ira au Malawi, l’un des pays d’Afrique australe les plus démunis.