FootballSommer: «Je ne me vois pas comme un héros»
Il arrête le tir au but de Mbappé à l’Euro. Il dégoûte à lui seul les Italiens le mois dernier. Mais le portier de la Suisse reste zen.


Il vient d’arrêter le dernier tir au but de la France, celui d’un certain Mbappé. La Suisse est en quart de finale de l’Euro. Depuis, il a écœuré l’Italie le mois dernier dans les qualifications du Mondial 2022. Un héros.
AFPYann Sommer, cela fait quoi d’être un héros et d’être adoré par tout le monde?
(Il rigole) Oh, mais moi, je ne me vois pas comme un héros. Alors oui, c’est vrai, je mesure ce qui se passe autour de moi, autour de cette équipe. Cela me réjouit, c’est très plaisant à vivre quand tout le monde te dit bravo et te félicite. C’est comme pour un article de journal que vous écrivez: si tout le monde vient vous dire qu’il est super, que c’est un bel article, cela doit vous faire plaisir, non?
Sauf que vous, vous avez apporté de la joie à tout un pays, tout le monde était dans la rue après votre arrêt face à Mbappé et la qualification pour les quarts de finale…
Oui, il y a eu une euphorie incroyable. Quand tu joues, tu ne penses pas à ce qui peut se passer si tu réussis un exploit, si tu te qualifies. Tu n’anticipes pas ça. Mais quand on a vu depuis Bucarest les images des supporters dans les rues en Suisse, tout ce que cela avait déclenché, cela nous a incroyablement touchés, c’est certain. C’était beau.
En plus de faire le bonheur de la Suisse dans la cage, vous faites la cuisine, vous jouez de la guitare, vous parlez plusieurs langues: avez-vous un défaut?
Je n’envisage pas les choses comme cela, je vis comme je suis, en fait. Un défaut? Oui, bien sûr que j’en ai. Par exemple, je suis trop perfectionniste. Je veux tellement que tout soit parfait, dans tous les domaines, que je peux en devenir exaspérant pour mon entourage.
Yann, la Suisse prépare son match de samedi contre l’Irlande du Nord. À Belfast, il y a un mois, ce n’était pas fameux avec un 0-0 à l’arrivée: comment l’avez-vous vécu?
Ce n’était pas une belle performance de notre part, c’est clair. Nous devons en faire bien plus pour gêner cette équipe avec deux lignes compactes, défensives, pour avoir des occasions de but, en passant par les côtés notamment.
Comment Murat Yakin va-t-il organiser la Suisse pour y parvenir? On le sent plus défensif dans son approche que Vladimir Petkovic: vrai?
Chaque sélectionneur a ses idées. Murat a été défenseur central, il a ce bagage avec lui. Mais je crois qu’il faut trouver la balance entre le jeu défensif et le jeu offensif. Je crois que ce qu’il veut, c’est être capable de produire un jeu offensif, tout en restant compact.
Vous êtes un coéquipier de Denis Zakaria depuis 2017, quand il vous a rejoint à Gladbach: cela doit vous faire plaisir de le voir revenir en grande forme maintenant, après sa blessure à laquelle vous n’êtes malheureusement pas étranger?
Oh oui, malheureusement. Dans un choc fortuit avec lui, je le blesse malgré moi. Horrible! C’était en mars 2020, il y avait l’Euro de prévu ensuite et je me disais qu’à cause de moi il ne pourrait pas le disputer. Mais il a été reporté. C’était une vilaine blessure, le cartilage du genou touché. J’avais peur qu’il ne puisse pas retrouver pleinement son niveau. J’étais tellement mal. Mais il est là aujourd’hui. De retour. En grande forme. C’est tellement un super gars!