Equateur: L’arrêt d’un gisement pétrolier dans une réserve a été approuvé

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ÉquateurL’arrêt d’un gisement pétrolier dans une réserve a été approuvé

Oui à 59%: tel est le verdict de la votation en Équateur, qui protège une zone emblématique de l’Amazonie. Le pétrole va ainsi rester dans le sol.

Réserve unique de biodiversité, le Yasuni s’étend sur près d’un million d’hectares de forêt humide et primaire. Il est aussi une terre indigène.

Réserve unique de biodiversité, le Yasuni s’étend sur près d’un million d’hectares de forêt humide et primaire. Il est aussi une terre indigène.

AFP

C’est une «décision historique» pour les défenseurs de l’Amazonie: une majorité d’Équatoriens a voté pour l’arrêt de la production pétrolière dans un gisement emblématique de la réserve amazonienne de Yasuni, dans l’est du pays.

Lors d’un référendum organisé dimanche, parallèlement à des élections générales anticipées, les Équatoriens ont dit oui à 59% à l’arrêt de la production du «bloc 43», selon les résultats publiés lundi matin, portant sur 93% des bulletins valides.

Cette consultation nationale devait décider de l’avenir du bloc Ishpingo, Tambococha et Tiputini (ITT), connu comme «bloc 43», d’où sont extraits 12% des 466’000 barils par jour produits en Équateur. La question posée était la suivante: «Êtes-vous d’accord pour que le gouvernement équatorien maintienne indéfiniment dans le sol le pétrole d’ITT, connu sous le nom de bloc 43?» Les électeurs ont répondu oui à 58,99% et non à 41,01%. Le gouvernement, qui s’opposait à cette consultation, estimait les pertes à 16,47 milliards de dollars sur 20 ans si le bloc était révoqué.

Leonardo DiCaprio, Greta Thunberg…

Réserve unique de biodiversité, le Yasuni s’étend sur près d’un million d’hectares de forêt humide et primaire. Il est aussi une terre indigène: territoire historique des Waorani, il abrite aussi des Kichwa, ainsi que les Tagaeri, les Taromenane et les Dugakaeri, dernières communautés vivant en isolement volontaire en Équateur et fuyant la civilisation moderne.

L’entreprise publique Petroecuador était jusqu’à présent autorisée à intervenir sur 300 hectares du Yasuni. Elle dit en avoir à peine utilisé 80 hectares.

Le groupe environnemental Yasunidos, à l’origine du référendum, s’est félicité du résultat: «Cette consultation, née des citoyens, démontre le plus grand consensus national en Équateur. C’est la première fois qu’un pays décide de défendre la vie et de laisser le pétrole dans le sol. C’est une victoire historique pour l’Équateur et pour la planète.» Plusieurs stars et personnalités internationales avaient pris fait et cause pour l’arrêt du «bloc 43», dont l’acteur Leonardo DiCaprio et la Suédoise Greta Thunberg.

Par oléoduc jusqu’au Pacifique

D’autres blocs sont en exploitation depuis des dizaines d’années dans la partie nord du Yasuni, mais ils sont en fin de course, et le «bloc 43» était souvent présenté, pour l’importance de ses réserves et son potentiel, comme le joyau de la couronne de Petroecuador.

L’exploitation du pétrole est un des piliers de l’économie équatorienne – dollarisée – depuis les années 1970. Le pétrole brut, premier produit d’exportation du pays, a généré des revenus de dix milliards de dollars en 2022, soit environ 10% du PIB. Ce sont près de 500’000 barils qui sont produits par jour dans toute la partie amazonienne du pays, en contrebas de la cordillère des Andes et dans les jungles frontalières du Pérou et de la Colombie. Ce brut est transporté par oléoduc vers la côte pacifique.

Bénédiction ou malédiction?

Dans toute la région, livrée à la colonisation économique menée par l’État depuis les années 1960, sur des millions d’hectares, ce ne sont que puits, pipelines, tankers, camions-citernes, stations de traitement et torchères enflammées…

Cette industrie s’est avérée une bénédiction pour les caisses de l’État et le «développement» du pays, selon les autorités. Mais une malédiction synonyme de dette, pauvreté et pollution à grande échelle, accusent les activistes pro-environnement.

Mines fermées près de la capitale

Dimanche, dans une autre consultation, locale celle-là, les habitants du district métropolitain de Quito ont voté à 68% pour l’arrêt de l’exploitation minière dans six petites villes de la périphérie de la capitale, dans le territoire du Choco Andino, 287’000 hectares de forêts, déclaré réserve de biosphère par l’Unesco. La zone est souvent décrite comme le poumon de Quito et abrite notamment l’ours des Andes.

(AFP)

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