CoronavirusLa vaccination obligatoire, c’est une réalité en Autriche
Depuis ce samedi, les Autrichiens de plus de 18 ans ont l’obligation de se faire vacciner contre le Covid, faute de quoi ils risquent une amende allant de 635 francs à plus de 3800 francs.
C’est officiel: les Autrichiens de plus de 18 ans doivent dorénavant se faire vacciner contre le Covid-19 sous peine d’encourir une forte amende, une mesure sans précédent dans l’Union européenne. La loi, adoptée le 20 janvier par le Parlement, est entrée en vigueur samedi, l’aboutissement d’un processus entamé en novembre face à la propagation fulgurante de la pandémie.
Le gouvernement a décidé d’opter pour la manière forte malgré les critiques, se démarquant de ses partenaires européens. «Aucun autre pays d’Europe ne nous suit sur le vaccin obligatoire», dénonce Manuel Krautgartner, qui s’est engagé en politique contre les règles sanitaires à Linz (nord).
Dans l’Allemagne voisine, un projet similaire, défendu par le nouveau chancelier social-démocrate Olaf Scholz, a commencé à être débattu le 26 janvier au Bundestag. Mais il a pris du retard sur fond de divisions de la classe politique.
Mesure drastique
Malgré cette mesure drastique, le taux de vaccination n’a guère décollé en Autriche, se situant toujours en deçà des niveaux observés en France ou en Espagne – autour de 70% de la population. Dans un centre de vaccination de Vienne, qui a pris ses quartiers depuis fin novembre dans les locaux d’une piscine Art déco pour allier l’utile à l’agréable, plusieurs dizaines de personnes patientent.
L’association humanitaire Arbeiter Samariter Bund, chargée de superviser les opérations, a constaté un frémissement ces derniers jours. «Nous avons enregistré une petite hausse d’environ 9% comparée à la semaine dernière», dit à l’AFP le responsable Michael Hausmann. Parmi les 7000 injections administrées en moyenne quotidiennement à Vienne, 10% seulement sont des primo-vaccinés, précise-t-il.
L’ensemble des résidents majeurs sont concernés par le texte de loi, à l’exception des femmes enceintes, de ceux qui ont contracté le virus il y a moins de 180 jours et enfin de ceux qui peuvent se faire exempter pour raisons médicales. Les contrôles, toutefois, ne débuteront que mi-mars : des sanctions pourront alors être appliquées, pour un montant variant de 600 à 3600 euros (entre 635 et 3815francs), mais elles seront levées si le contrevenant obtempère dans les deux semaines.
Exception dans le monde
Une méthode «douce» qui risque de ne pas être «très efficace», réagit Gerhard Kammer, un technicien de 65 ans. Lui-même favorable à la loi qui «nous protège tous en tant que communauté», il pense qu’un «certain nombre, voire une grande partie» des anti-vax «paieront et ne se feront pas vacciner». Si plus de 60% des Autrichiens soutiennent la décision gouvernementale d’après une récente enquête, de larges pans de la population y restent fermement opposés.
Pendant plusieurs semaines après l’annonce du projet, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour fustiger une mesure qualifiée de radicale et liberticide. Des critiques ont aussi émergé sur le sens de cette loi face à la moindre gravité du variant Omicron et l’explosion du nombre de cas. Mais pour le ministre de la Santé Wolfgang Mückstein, il faut se préparer «à lutter contre les nouveaux variants» qui pourraient apparaître dans les mois à venir.