MinesGlencore plaide coupable de corruption dans plusieurs pays
Le groupe minier zougois a trouvé des accords avec la justice au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Brésil, après avoir plaidé coupable pour corruption et manipulation des marchés.
Le groupe suisse Glencore a annoncé mardi avoir noué des accords coordonnés avec les autorités du Royaume-Uni, des États-Unis et du Brésil, plaidant coupable de corruption en Afrique et en Amérique du Sud et de manipulation des marchés pétroliers.
L’entreprise de négoce de matières premières prévoit de payer 1,02 milliard de dollars (980 millions de francs) aux États-Unis et 40 millions de dollars (38 millions de francs) au Brésil, tandis que le montant des pénalités à verser au Royaume-Uni doit encore être fixé, détaille un communiqué. Ces accords, qui mettent fin aux poursuites engagées par ces États, lèvent des nuages qui planaient sur le groupe depuis plusieurs années.
Glencore avait en effet été assigné en 2018 par le département américain de la Justice dans le cadre d’une vaste enquête pour corruption, liée à ses activités au Nigeria, au Venezuela et en République démocratique du Congo (RDC). D’autres poursuites avaient ensuite été lancées par d’autres autorités.
Des enquêtes sont encore en cours en Suisse et aux Pays-Bas, Glencore y étant soupçonné de ne pas avoir mis en place les mesures nécessaires pour empêcher les affaires de corruption. «Le calendrier et l’issue de ces enquêtes restent incertains», a souligné Glencore.
Enrichissement illégal
Dans le détail, Glencore a accepté de payer aux États-Unis une amende de 700 millions de dollars (672 millions de francs) pour fraude et corruption, notamment au Brésil, au Cameroun, au Nigeria et au Venezuela, et pour détournement d’informations confidentielles, notamment au Mexique. Il a aussi été ordonné à l’entreprise de verser 486 millions de dollars (467 millions de francs) pour la manipulation des prix de divers contrats échangés sur les marchés pétroliers. Le groupe a, dans les deux cas, plaidé coupable.
Une partie du montant négocié avec Washington, qui estime que Glencore s’est illégalement enrichi de plusieurs centaines de millions de dollars, est destinée à être reversée à d’autres autorités. Glencore a par ailleurs accepté de payer près de 40 millions de dollars pour solder l’enquête des autorités brésiliennes sur des cas de corruption, notamment auprès du géant pétrolier Petrobras.
Glencore avait mis de côté
L’entreprise a aussi plaidé coupable mardi devant la justice britannique pour sept chefs d’accusation pour corruption dans ses activités pétrolières au Cameroun, en Guinée équatoriale, en Côte d’Ivoire, au Nigeria et au Soudan du Sud, détaille un communiqué du Bureau d’enquêtes sur les affaires criminelles (SFO).
Le total des pots-de-vin versés par des agents et employés de Glencore avec l’accord de l’entreprise pour un accès préférentiel à du pétrole s’élève au total à 25 millions de dollars (24 millions de francs), selon l’enquête du SFO. La pénalité à payer sera décidée à l’issue d’une audience le 21 juin.
Glencore avait indiqué en février avoir mis de côté 1,5 milliard de dollars (1,44 milliard de francs) pour régler ces diverses affaires et estime mardi qu’en incluant la pénalité encore à verser au Royaume-Uni, ce montant ne devrait pas être dépassé de façon significative. Le groupe assure avoir réformé ses pratiques éthiques et de conformité et avoir licencié ou sanctionné certains des salariés impliqués.
Auditeur externe
«Nous reconnaissons les manquements identifiés dans ces enquêtes et avons coopéré avec les autorités», a commenté le directeur général de l’entreprise, Gary Nagle, dans le communiqué. «Ce type de comportement n’a pas sa place chez Glencore, et le conseil d’administration, l’équipe de direction et moi-même sommes très clairs sur la culture que nous voulons et sur notre engagement à être un opérateur responsable et éthique partout où nous travaillons», a ajouté le responsable, en poste depuis juillet dernier.
L’accord passé avec les autorités américaines prévoit la nomination d’un auditeur externe pendant trois ans, dont la tâche sera de vérifier que le groupe respecte ses obligations et d’évaluer l’efficacité des mesures de contrôle interne et de respect des règles.