Exécutions en 1988: Le sort d’un Iranien jugé pour crimes de guerre sera fixé en juillet

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Exécutions en 1988Le sort d’un Iranien jugé pour «crimes de guerre» sera fixé en juillet

Un procès inédit contre un ex-responsable pénitentiaire iranien jugé pour «crimes de guerre» lors des exécutions de masse en Iran, en 1988, s’est achevé mercredi en Suède.

Hamid Noury (à g.) et son avocat Thomas Soderqvist.

Hamid Noury (à g.) et son avocat Thomas Soderqvist.

AFP

Le procès contre Hamid Noury s’est achevé mercredi en Suède. C’est la première fois qu’un Iranien comparaissait devant un tribunal pour sa participation présumée aux exécutions de masse menées en Iran en 1988, après un ordre de l’ayatollah Khomeini, fondateur de la République islamique d’Iran, vers la fin de la guerre Iran-Irak. La semaine dernière, le parquet avait requis la perpétuité. Mercredi, le président a fixé la date du verdict au 14 juillet.

Cet ex-responsable pénitentiaire iranien âgé de 61 ans avait été arrêté en novembre 2019, lors d’un voyage à Stockholm, et est jugé pour «crimes de guerre ou contre l’humanité» et «meurtres» depuis août 2021 devant le tribunal de la capitale suédoise. «Quelle ironie, quand j’ai vu tant de mes amis condamnés à mort dans des procès d’une minute en Iran, quand on voit la différence avec ici», a déclaré à l’AFP Ramadan Fathi, un des anciens détenus (1980-1993) ayant témoigné contre l’accusé. Après neuf mois de procès, la dernière journée d’audience a été marquée par les dernières plaidoiries de la défense, ponctuée d’interventions du procureur, de l’avocat des parties civiles et de l’accusé.

«J’espère que ces mains seront blanchies (…) avec l’aide de Dieu», a affirmé M. Noury, en levant les paumes vers le ciel et en saisissant un Coran. «Amis, je vous aime, je ne suis pas en colère contre vous», a-t-il lancé à la salle d’audience, selon ses propos en farsi traduits par une interprète. Vêtu d’un costume beige, l’accusé, coutumier de déclarations décalées, a remercié le président du tribunal pour la bonne tenue du procès, félicitant sa femme «d’avoir un mari aussi compétent».

Selon l’accusation, Noury occupait à l’époque des fonctions d’assistant auprès du procureur à la prison de Gohardasht, près de Téhéran. L’accusé affirme, lui, qu’il était en congés durant la période concernée (juillet et août 1988) et qu’il ne travaillait pas dans cette prison mais dans une autre. Son arrestation à l’aéroport de Stockholm faisait suite à des plaintes déposées par des opposants iraniens auprès de la justice suédoise, au nom de la compétence universelle pour de nombreux crimes graves.

Marqué par une délocalisation en Albanie fin 2021, le procès a donné lieu à une mobilisation quotidienne d’opposants iraniens proches du Conseil national de la résistance iranienne et des «Moudjahidines du Peuple» (MEK, dans son acronyme persan).

«Petits trous»

Ce dernier – un mouvement interdit en Iran et menant une lutte armée au moment des faits – avait été la principale cible des nombreuses exécutions menées en Iran à l’été 1988, en représailles à des attentats. Les groupes de défense des droits humains estiment que 5000 prisonniers ont été exécutés.

Après avoir contesté sur la forme la compétence extraterritoriale de la justice suédoise dans le dossier, la défense a remis en doute des témoignages de parties civiles. «Il y a de grandes incertitudes sur la façon dont le nom Hamid Noury a émergé dans des témoignages», a affirmé Daniel Marcus, un des deux avocats de l’Iranien, qualifiant les preuves d’«insuffisantes» pour condamner l’accusé.

Après une salve d’applaudissements à la sortie de la dernière audience, le principal avocat des parties civiles a dit «se réjouir d’une prochaine condamnation». «Les preuves sont accablantes. Ils (la défense) ont essayé de trouver des petits trous mais, à mon avis, ils n’étaient pas à l’aise». L’avocat des Moudjahidines du Peuple s’est toutefois inquiété du «risque» que Hamid Noury quitte la Suède en cas d’acquittement avant qu’un appel puisse être interjeté.

Le procès a tendu un peu plus les relations déjà fraîches entre Stockholm et Téhéran. L’Iran a convoqué jeudi l’ambassadeur de Suède dans le pays, le jour où le procureur a requis la perpétuité contre Hamid Noury durant le procès. Le ministère suédois des Affaires étrangères a lui déconseillé à ses citoyens les voyages non essentiels en Iran. Selon l’agence iranienne Isna, l’universitaire irano-suédois Ahmadreza Djalali, condamné à mort en 2017 pour espionnage au profit d’Israël, va être exécuté d’ici au 21 mai.

(AFP)

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