FranceBrèves échauffourées lors de la manif contre la ligne Lyon-Turin
Une manifestation non autorisée contre la construction d’une ligne ferroviaire à grande vitesse entre les deux villes française et italienne a été maintenue samedi dans les Alpes françaises.
Les opposants à la ligne ferroviaire à grande vitesse qui doit relier Lyon à Turin ont manifesté samedi dans les Alpes françaises, mobilisation marquée par une brève occupation d’une autoroute et des échauffourées avec les forces de l’ordre.
Gaz lacrymogènes
«Un groupe de radicaux», constitué d’environ 300 personnes, a provoqué les heurts avec les forces de l’ordre après s’être «constitué en blackbloc» puis a «tenté de bloquer l’autoroute A43» qui a été fermée temporairement à cause de leur intrusion, a détaillé le préfet de Savoie François Ravier au cours d’un point de presse en fin de journée.. Les forces de l’ordre sont rapidement intervenues pour les chasser de l’autoroute, faisant usage de gaz lacrymogènes, tandis que le gros des manifestants les huait depuis l’autre rive toute proche.
Après cet incident, les opposants ont graduellement fait demi-tour pour retourner vers le camp de base sur la commune voisine de La Chapelle, hors du périmètre interdit par la préfecture, laissant derrière eux des barricades improvisées en flammes. Des protestataires avaient aussi brièvement envahi la voie ferrée à proximité, alors que la circulation des trains a été stoppée en début d’après-midi en raison de la situation, selon la SNCF. Le cortège s’était ébranlé dans le calme en milieu de journée à l’appel d’une dizaine d’organisations, dont les Soulèvements de la Terre, menacés de dissolution par le ministère de l’Intérieur, et les No-Tav italiens, mobilisés contre un chantier «pharaonique» jugé «néfaste» pour l’environnement, la biodiversité et les ressources en eau de la vallée.
«Esprit non violent»
Le départ de cette manifestation non déclarée réunissant plus de 4000 personnes, selon le dernier bilan des organisateurs, plus de 3000 dont «300 éléments radicaux» selon les autorités, s’est fait depuis un terrain prêté par la commune de La Chapelle, où les militants ont installé leur camp de base.
«96 ressortissants étrangers, connus des services, ont été refoulés à la frontière. Plus de 400 objets dangereux ont été saisis lors des contrôles en amont. Soutien aux 12 gendarmes blessés», a résumé dans un tweet le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Les organisateurs, eux, évoquent «plusieurs blessés» dans leurs rangs pendant le rassemblement. Cinq bus de militants italiens, soit environ 280 personnes, sont aussi restés bloqués à la frontière pendant plusieurs heures avant de faire demi-tour vers Turin, selon les informations obtenues sur place.
«Il n’y avait pas de raison de ne pas autoriser cette manifestation dès lors qu’elle est dans un esprit non-violent et nous on prônera toujours des logiques de non-violence», a pour sa part déclaré à l’AFP la sénatrice EELV Fabienne Grebert.
26 milliards d’euros
Soutenue par l’Union européenne, la nouvelle ligne doit à terme relier Lyon et Turin, avec 70% des voies en France et 30% en Italie, et un tunnel de 57,5 km traversant les Alpes entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse. Coût évalué: plus de 26 milliards d’euros. Les partisans du projet mettent en avant la nécessité de réduire le flux de poids lourds, en constante augmentation, pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Ils invoquent aussi le développement économique que permettra selon eux une ligne ferroviaire plus rapide.
Les opposants, eux, font valoir qu’une ligne existe déjà et que le fret ferroviaire n’a cessé de baisser ces dernières années. Ils dénoncent aussi les impacts écologiques de ce chantier «ferroviaire titanesque, impliquant le forage de 260 km de galeries à travers les massifs alpins». Selon eux, les travaux ont déjà tari plusieurs sources et captages dans la vallée.