Égalité des chancesDyslexique, on lui refuse du temps d’examen supplémentaire
L’Université de Berne a refusé d’accorder du temps supplémentaire à une jeune femme handicapée lors de son examen d’entrée. L’association Inclusion Handicap porte l’affaire devant le Tribunal fédéral.
- par
- Eric Felley
Le temps d’un examen d’entrée à l’université doit-il être augmenté pour les personnes qui souffrent d’un handicap, en l’occurrence ici de dyslexie? C’est la question que pose une affaire soulevée par l’association Inclusion Handicap dans le cas d’une jeune femme qui voulait entrer à l’Université de Berne pour y faire des études de vétérinaire.
Rappelons que la dyslexie affecte des personnes dans leur capacité à lire ou à écrire, mais n’affecte pas leur intelligence ou leurs capacités intrinsèques. L’institution lui a cependant refusé ce temps supplémentaire lors de l’examen numerus clausus. À la suite du recours de la jeune femme, le Tribunal administratif du canton de Berne, par 3 voix contre 2, arrive à la même conclusion: pas de temps supplémentaire. Constatant que la question divise les juges, Inclusion Handicap a décidé le 19 mai dernier de porter l’affaire devant le Tribunal fédéral.
Un «avantage» contesté
Dans son jugement, le tribunal administratif du canton de Berne estime que l’octroi de temps supplémentaire «constituerait un avantage par rapport aux autres candidats, en raison du caractère hautement concurrentiel de l’examen du numerus clausus. L’octroi d’un temps supplémentaire remettrait en question la comparabilité des résultats d’examen».
Inclusion Handicap conteste ces conclusions: «En adhérant à la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH), la Suisse s’est engagée à garantir aux personnes en situation de handicap l’accès à la formation universitaire et à l’apprentissage tout au long de la vie sur la base de l’égalité avec les personnes sans handicap».
Pas un traitement de faveur
Pour son avocat, Me Cyril Mizrahi: «De cette exigence, ainsi que de l’interdiction de la discrimination ancrée dans la Constitution, résulte le droit à des mesures appropriées afin de garantir aux personnes en situation de handicap l’égalité des chances». Ainsi, donner plus de temps à une personne dyslexique pour un examen relève d’une juste compensation et non d’un traitement de faveur.
Dans cette affaire, même Jacques Dubochet, Prix Nobel de chimie, prend la défense des personnes atteintes de dyslexie «En imposant des modalités d’examen identiques, on méconnaît le potentiel des personnes atteintes de dyslexie. Cela a comme conséquence d’exclure de nombreuses personnes de la profession médicale en raison de cela».