FranceLe gamer «Mr WaynZ» risque 20 ans de prison
Pour des viols et une tentative de meurtre, un ancien youtubeur français risque une lourde condamnation.
Vingt ans de réclusion criminelle ont été requis jeudi contre l’ancien gamer «Mr WaynZ», jugé aux assises de Paris pour avoir violé deux conjointes et tenté de tuer en 2019 une troisième compagne qu’il venait de séquestrer et d’agresser sexuellement.
De son vrai nom Yannick N., cet ancien youtubeur influent de 34 ans avait fait de sa communauté virtuelle un «territoire de chasse», en quête de victimes «fragiles» qu’il plaçait sous son «emprise», a estimé l’avocat général Philippe Courroye, fustigeant un homme «manipulateur» et «structurellement dangereux dans son rapport aux femmes».
«Dans un jeu vidéo sur Janus»
Ecroué depuis octobre 2019, le trentenaire est notamment accusé d’avoir tenté de tuer Cécilia (prénom modifié) le 20 janvier 2019 dans son appartement parisien en l’étranglant, après lui avoir imposé des attouchements sexuels et l’avoir séquestrée. Ce sont ses cris et appels aux secours qui alerteront les policiers.
Au cours de l’enquête, trois autres victimes avaient émergé, dont une jeune femme qui aurait été violée à plusieurs reprises par l’accusé, avec qui elle a entretenu une relation entre 2007 et 2013 et eu un enfant. L’accusé avait rencontré trois de ses victimes présumées dans la sphère des jeux en ligne et était suivi par 220’000 abonnés sur sa chaîne YouTube.
Profitant de cette petite renommée, celui qui était connu sous l’alias de «Mr WaynZ» a «pris au piège» ces femmes en leur dissimulant son «égocentrisme», sa «violence» et sa «jalousie maladive», a estimé Philippe Courroye. «On est comme dans un jeu vidéo sur Janus, l’homme aux deux visages», a-t-il estimé. «D’un côté «Mr WaynZ», petit cador sur console, minuscule Casanova qui sait jouer sur la fragilité de ses proies. Et de l’autre côté, derrière l’écran, quelqu’un de sordide, d’aussi manipulateur et violent que des personnages de jeux vidéo».
«Personnalité radioactive»
Fustigeant une «personnalité radioactive qui a laissé un champ de ruines», l’avocat général a exhorté la Cour à rendre aux victimes «cette dignité qui a été détruite par celui qui les a chosifiées». Dans la matinée, Me Vanessa Zencker, qui défend deux parties civiles, avait dénoncé «l’impunité» dont avait bénéficié l’accusé et la «peur constante» qu’il a fait régner chez ses victimes.
La défense a de son côté appelé à la Cour d’assises à «faire preuve de justesse» et à se méfier de tout «jugement hâtif» sur l’accusé, qui reconnaît certains faits, notamment d’avoir imposé une fellation à une de ses ex-compagnes, mais conteste la tentative de meurtre.
Enfance «chaotique»
Cette infraction «nécessite un commencement d’exécution et une intention» qui font tous les deux défaut en l’espèce, a assuré un de ses avocats, Me Guillaume Halbique, pointant notamment l’absence chez Cécilia «de signes de strangulation» lors des examens médicaux peu après les faits.
«On ne prend même pas la peine de vous donner les éléments pour le condamner», a renchéri son autre conseil Me Raphaëlle Rischmann, récusant que l’accusé, miné par une enfance «chaotique», soit «structurellement déviant». Le verdict est attendu vendredi.