Festival de Cannes : La réalisatrice française Justine Triet remporte la Palme d’or

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Festival de CannesLa réalisatrice française Justine Triet remporte la Palme d’or

Le film «Anatomie d'une Chute» a été récompensé samedi soir par le jury de la 76e édition du festival. C’est la 3e fois de l’histoire qu’une femme est primée sur la Croisette. 

La Française Justine Triet a remporté samedi la Palme d’or à Cannes pour «Anatomie d’une chute», devenant la troisième réalisatrice sacrée de l’histoire du Festival.

Discours engagé 

La cinéaste de 44 ans succède à Jane Campion («La leçon de piano», 1993) et Julia Ducournau («Titane», 2021»), confirmant le lent mouvement vers l’égalité dans une industrie du cinéma historiquement dominée par les hommes.

En recevant son prix, la cinéaste a vivement dénoncé la façon dont le gouvernement français a «nié de façon choquante» le mouvement contre la réforme des retraites. «Ce schéma de pouvoir dominateur, de plus en plus décomplexé, éclate dans plusieurs domaines», a-t-elle ajouté, estimant que le pouvoir cherchait aussi à «casser l’exception culturelle sans laquelle (elle) ne serait pas là aujourd’hui». Justine Triet accède au sommet du cinéma après quatre films, dont «Sibyl», déjà sélectionné à Cannes et autant de portraits de femmes.

Effroyable banalité du mal

Ce nouveau couronnement d’une jeune réalisatrice française témoigne aussi du succès des réalisations tricolores dans les festivals internationaux, avec le Lion d’or remis à Audrey Diwan en 2021 à Venise pour «L’événement» et l’Ours d’or en février à Nicolas Philibert pour «Sur l’adamant». Le jury, présidé par Ruben Östlund et où siégeait également Julia Ducournau, a choisi un film qui raconte le procès d’une veuve (Sandra Hüller) accusée aux assises d’avoir tué son mari. L’occasion de disséquer les dynamiques de pouvoir au sein d’un couple d’artistes aisés et d’exposer les préjugés sociaux auxquels se heurtent les femmes indépendantes.

Le jury a également envoyé un message contemporain sur l’effroyable banalité du mal, en donnant le Grand prix à Jonathan Glazer pour «The Zone of Interest», sur la vie quotidienne du commandant nazi d’Auschwitz, une oeuvre radicale. Le prix de la mise en scène est allé à Tran Anh Hùng pour «La passion de Dodin Bouffant», film d’époque sur la gastronomie française avec Benoît Magimel, et celui du jury à Aki Kaurismäki pour «Les feuilles mortes».

Merve Dizdar et Koji Yakusho distingués

L’actrice turque Merve Dizdar a dédié son prix d’interprétation dans «Les herbes sèches» de Nuri Bilge Ceylan «à toutes les femmes qui mènent une lutte pour surmonter les difficultés existantes dans ce monde».

Le prix d’interprétation masculine est allé à Koji Yakusho pour son rôle de nettoyeur de toilettes publiques à Tokyo dans «Perfect Days», film onirique de Wim Wenders. Avant la remise du prix du scénario à Sakamoto Yuji pour «Monster» de Kore-eda, l’acteur américain John C. Reilly a fait silence sur scène en hommage «à tous ceux qui écrivent et donnent naissance aux grands films», en pleine grève des scénaristes à Hollywood. Le jury du suédois Suédois Östlund devait départager 21 cinéastes, dont 7 réalisatrices. 

Plusieurs polémiques 

Ce palmarès met un terme à la 76e édition, présidée pour la première fois par Iris Knobloch, ancienne de Warner. Elle fut marquée par des polémiques sur le come-back de Johnny Depp, après ses procès pour diffamation autour d’accusations de violences conjugales, par une présence en force du cinéma du continent africain, et des jeunes réalisatrices. L’une d’entre elles, Molly Manning Walker a reçu le prix Un Certain Regard pour «How To Have Sex», et deux autres se partagent l’Oeil d’or du meilleur documentaire, Kadib Abyad «La mère de tous les mensonges» et Kaouther Ben Hania (»Les filles d’Olfa», sur la radicalisation d’adolescentes tunisiennes).

(AFP)

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