PédophilieUn prêtre libanais condamné à 15 ans de prison pour viols sur mineurs
Le père Labaky était poursuivi pour des viols et agressions sur trois jeunes filles lorsqu’il dirigeait un foyer près de Caen (Normandie) accueillant des enfants libanais orphelins de la guerre.
Le prêtre libanais Mansour Labaky a été condamné lundi par contumace à quinze ans de réclusion criminelle pour viols et agressions sexuelles sur mineurs par la cour criminelle du Calvados à Caen, dans l’ouest de la France. Mansour Labaky a été reconnu coupable après près de deux heures de délibéré. Il sera inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.
Le prêtre de 81 ans, réfugié au Liban, n’était pas présent devant la cour lundi, a constaté un correspondant de l’AFP. Un mandat d’arrêt international a été délivré à son encontre en avril 2016 mais le Liban n’extrade pas ses ressortissants. Dans ses réquisitions, l’avocat général Pascal Chaux avait estimé que l’accusé n’avait «eu de cesse de dénigrer les plaignantes, allant jusqu’à les accuser de folie». «Il a aussi exercé des pressions, directes ou indirectes, sur certaines victimes ou leur famille», avait souligné le magistrat en requérant une peine de 15 ans de réclusion criminelle, pour tenir compte de «la gravité des faits».
«L’instruction a été longue, trop longue. Monsieur Labaky n’a jamais déféré aux demandes du juge d’instruction, prétextant des problèmes de santé que l’on n’a pas pu vérifier», avait pointé M. Chaux auparavant. Ce n’est qu’après la condamnation de ce prêtre maronite libanais par la justice canonique (la justice de l’Église), en 2013, que des victimes ont déposé une plainte auprès de la justice pénale française. De nombreux faits, remontant aux années 1990, seraient prescrits.
Le père Labaky a fondé et dirigé de 1991 à 1998, à Douvres-la-Délivrande (Calvados), près de Caen, le foyer «Notre-Dame – Enfants du Liban» accueillant des enfants libanais orphelins de la guerre, où il aurait abusé de nombreuses jeunes filles. Le père Labaky est poursuivi pour des viols et agressions sur trois d’entre elles, une seule s’étant constituée partie civile. «Les autres, deux sœurs, ont reçu de nombreuses menaces au Liban», a expliqué l’avocate des parties civiles, Me Solange Doumic.
Me Doumic a insisté dans sa plaidoirie sur les «conséquences» des actes du prêtre pour les victimes. «Une a fait des tentatives de suicide; une autre a été anorexique et dépressive; une autre encore a été contrainte à l’exil et on l’a fait passer pour folle; deux sœurs ont été séparées», a énuméré l’avocate. «Une condamnation constituerait la reconnaissance de l’innocence des victimes. C’est vital pour refermer les plaies, d’autant qu’il ne montre aucun remords et se présente en martyr, victime d’une conspiration», avait déclaré avant le procès Céleste Akiki, nièce de l’accusé, venue des États-Unis pour être entendue comme témoin, les faits la concernant étant prescrits.
Mansour Labaky, qui encourait une peine de vingt ans de réclusion criminelle, a toujours nié les faits qui lui sont reprochés. Son avocate Me Florence Rault a plaidé l’acquittement, insistant sur les «100 personnes qui ont été entendues au cours de l’enquête et qui ont apporté des témoignages très positifs» sur l’accusé. Me Rault a estimé que de nombreuses déclarations de victimes «n’ont pas été spontanées», voire «extorquées» par l’ancienne sœur du foyer Notre-Dame, «lancée dans une enquête et décidée à trouver des victimes».
Elle avait demandé à la cour de considérer qu’il n’était «pas certain» que les faits dénoncés aient réellement eu lieu, et «d’acquitter, au moins au bénéfice du doute», Mansour Labaky.