CyclismeTrois raisons d’aller voir les pistards
Les championnats d’Europe sur piste rassemblent les meilleurs à Granges. Entre passage de flambeau à la direction et sur les vélos, plusieurs petites révolutions rythmeront la semaine.
- par
- Rebecca Garcia
Certains y feront leurs derniers tours de piste et d’autres vont tenter d’y briller pour se faire une place parmi les grands. Les Européens de cyclisme sur piste prennent possession du vélodrome de Granges du 5 au 9 octobre. Les meilleurs de la discipline vont s’affronter dans un contexte tout particulier.
La der’ de Gisiger
Daniel Gisiger ne sera plus l’entraîneur de l’équipe de Suisse de piste. Celui qui a été le visage de Swiss Cycling laisse la main à Mickaël Bouget. Il avait dirigé la sélection masculine pendant presque 15 ans. «Des fois, j’avais l’impression d’être davantage un éducateur qu’un entraîneur», a lâché l’entraîneur en conférence de presse lundi. Il a passablement contribué à développer le cyclisme en Suisse, en particulier la route et la piste. Aujourd’hui, il ne s’estime «plus assez bon» et préfère passer le relais.
Cette compétition d’envergure à la maison est une belle opportunité de dire au revoir. Une victoire des Suisses sonnerait comme un beau départ à la retraite pour Daniel Gisiger. Il a pu travailler pendant trois ans avec son successeur, qui salue la complémentarité de leurs profils. «Daniel a beaucoup apporté avec son expérience et ses connaissances de la piste tandis que j’ai peut-être amené un œil nouveau et des compétences scientifiques.» Mickaël Bouget se voit comme un coordinateur de projet, qui va sélectionner les priorités pour tirer le meilleur des athlètes.
Le nouveau souffle romand
Les pistards sont aussi Romands. La sélection compte notamment Valère Thiébaud (NE), Léna Mettraux (VD) et Tristan Marguet (VS). Le Neuchâtelois a subi un contretemps dans sa préparation puisqu’il a subi deux chutes aux 3 jours d’Aigle début octobre. «Je n’ai presque pas pu rouler samedi», explique-t-il en montrant son coude brûlé par le bois. Il balaye rapidement la douleur en évoquant «les risques du métier». Il n’a pas attendu longtemps avant de remonter sur son vélo et se montre pleinement concentré sur ses courses européennes. «On a une belle équipe, mais c’est toujours difficile de prédire son classement», annonce-t-il.
L’espoir suisse connaît une saison charnière. Sa participation aux Jeux olympiques a marqué l’accomplissement d’un grand objectif. «Cette année, tout s’est articulé autour de cela», explique le Neuchâtelois. Il adore la piste mais promet de s’entraîner davantage sur route. «J’ai envie de franchir un cap.»
L’équipe féminine a elle aussi des ambitions, à commencer par Léna Mettraux. La cycliste originaire d’Échallens n’a pas d’objectif précis, si ce n’est de faire mieux que son dernier résultat au championnat d’Europe – 15e en 2020. «Disons que je ne serais pas déçue de ne pas décrocher de médaille», confie-t-elle.
Ces Européens représentent pour elle un pas de plus vers la vie professionnelle. La cycliste de 23 ans est aux études et voit d’un bon œil la multiplication des courses de renommée pour femmes – à commencer par Paris-Roubaix. Le prochain gros objectif? «Ce serait génial de pouvoir aller aux Jeux olympiques», souffle-t-elle. La Suisse a manqué de peu sa qualification à Tokyo, mais Paris semble à portée.
Qui dit renouveau dit fin de cycle. C’est le cas pour Tristan Marguet. Le cycliste de Monthey prendra sa retraite sportive le 18 décembre prochain. Ces Européens seront les derniers qu’il disputera en tant qu’athlète. Son plus beau souvenir y est lié, puisqu’il avait remporté la compétition à Minsk en 2019, avec son coéquipier Robin Froidevaux. «C’était incroyable.»
Tristan Marguet a vu le cyclisme évoluer année après année. «Au début, on partait avec notre carton de vélo et un bagage à main. On n’avait même pas le droit à une valise!» Petit à petit, Swiss Cycling a trouvé des sponsors et des fonds jusqu’à avoir une équipe sélectionnée parmi les huit admises aux Jeux olympiques de Tokyo.
Ramener la coupe à la maison
«C’est toujours cool de rouler à la maison», se réjouit Valère Thiébaud, qui connaît bien le vélodrome de Granges. Il était d’ailleurs dans le public lors de la précédente édition suisse des Européens, en 2015. «J’ai vu Stefan [ndlr: Küng] gagner la poursuite individuelle, il y avait de l’ambiance!»
Les Championnats d’Europe de cyclisme sur piste font partie des quelques occasions à ne pas manquer avant Paris 2024. Il y a fort à parier que les gagnants de Granges feront partie des médaillés de la capitale française. Qui sait, peut-être que les vainqueurs connaîtront la même suite de carrière que le «King» Küng.