«Partygate» au Royaume-UniLes députés ouvrent une enquête contre Boris Johnson
Le Parlement britannique a décidé jeudi de saisir un comité spécial dans l’affaire des fêtes à Downing Street durant les confinements, une procédure à haut risque pour le Premier ministre.
Enlisé dans le scandale des fêtes clandestines à Downing Street pendant les confinements, Boris Johnson est désormais visé par une enquête parlementaire, déclenchée jeudi par les députés, pour déterminer si le Premier ministre britannique les a trompés dans cette affaire.
Décision prise par consensus
C’est un revers de plus pour le dirigeant conservateur de 57 ans: loin de tourner la page de la crise, il se retrouve avec une troisième enquête, après d’autres administrative et policière en cours. Et ce malgré sa large majorité à la chambre des Communes, sa volonté initiale de s’opposer à la procédure puis une manoeuvre pour la repousser, abandonnée à la dernière minute.
La décision des députés, prise par consensus sans même un vote, ouvre ainsi un nouveau front dans cette affaire, susceptible à terme de contraindre Boris Johnson à la démission, signe du malaise persistant au sein de ses troupes face au scandale. A maintes reprises devant le Parlement, il a assuré que toutes les règles avaient été respectées, une assertion contredite de fait par l’amende infligée il y a une semaine à Boris Johnson.
Le code ministériel dispose qu’un ministre qui a trompé sciemment le Parlement doit démissionner. L’enquête parlementaire ne commencera qu’une fois que l’enquête de la police sera achevée et que la haute-fonctionnaire Sue Gray, chargée d’une enquête interne, aura remis son rapport définitif. Un pré-rapport, dénonçant des «erreurs de leadership et de jugement» a déjà donné un aperçu de son appréciation de ce qui se jouait derrière les murs de Downing Street, contrastant avec les sacrifices consentis par les Britanniques pour lutter contre la pandémie.
«Absolument rien à cacher»
La motion à l’origine de la procédure parlementaire «cherche à défendre le principe simple d’honnêteté, d’intégrité et de dire la vérité» dans la vie politique britannique, a déclaré le chef de l’opposition travailliste, Keir Starmer, à l’origine du texte. «Nous savons que le Premier ministre lui-même a enfreint la loi», a-t-il ajouté, soulignant que le chef du gouvernement n’est pas à l’abri de nouvelles amendes pour sa participation à d’autres événements festifs.
L’affaire, passée un temps au second plan en raison de la guerre en Ukraine, a été relancée la semaine dernière lorsqu’il a reçu une amende pour manquements aux restrictions anti-Covid en participant à un pot surprise pour ses 56 ans en juin 2020, devenant ainsi le premier chef de gouvernement britannique en exercice sanctionné pour avoir enfreint la loi.
Dans l’avion qui l’emmenait pour une visite en Inde, il a répété vouloir rester en poste jusqu’aux prochaines législatives prévues en 2024. Sur la chaîne Sky News, il a assuré qu’il n’a «franchement absolument rien à cacher» dans cette affaire, regrette-t-il, «sans fin». Mardi, Boris Johnson avait répété ses excuses «sans réserves» aux députés et aux Britanniques, affirmant qu’il ne lui «était pas venu à l’esprit» que ce rassemblement, d’une dizaine de minutes tout au plus selon lui, «puisse constituer une violation des règles» alors en vigueur.