Suisse: Le président du Credit Suisse a-t-il induit en erreur les investisseurs?  

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SuisseLe président du Credit Suisse a-t-il induit en erreur les investisseurs?

L’Autorité de surveillance des marchés financiers, la Finma, serait en train d’examiner si Axel Lehmann a enjolivé intentionnellement la situation de la banque début décembre.

Axel Lehmann, ici en 2018, préside Credit Suisse depuis le 1er janvier 2022.

Axel Lehmann, ici en 2018, préside Credit Suisse depuis le 1er janvier 2022.

Urs Jaudas/Tages-Anzeiger

Credit Suisse est empêtré dans une nouvelle affaire. En effet, son président, Axel Lehmann ferait l’objet d’une enquête de la Finma. Le gendarme suisse des banques chercherait à savoir s’il a induit les investisseurs en erreur en annonçant début décembre que les sorties d’argent des clients de la banque avaient cessé.

Cette enquête fait suite à des propos tenus le 1er décembre par le président dans le Financial Times. Axel Lehmann avait affirmé que les sorties de fonds, très importantes en octobre, s’étaient complètement stabilisées. Le lendemain, il avait déclaré, à Bloomberg TV cette fois, que ces retraits avaient «fondamentalement cessé». Suite à ces propos, les actions de Credit Suisse avaient bondi de près de 10%.

Mais ces déclarations ont attiré l’attention de la Finma, rapporte mardi l’agence Reuters. Selon elle, l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers voudrait du coup savoir si ses propos étaient trompeurs et dans quelle mesure Axel Lehmann et d’autres représentants du CS étaient conscients que des clients continuaient à retirer des fonds. À noter que tant la Finma que le Credit Suisse n’ont pas souhaité commenter le sujet.

Affaire enjolivée?

La Banque cantonale de Lucerne a en tout cas qualifié l’affaire de nouveau coup dur pour le CS. «Axel Lehmann était-il insuffisamment informé ou a-t-il sciemment ou intentionnellement enjolivé la situation?», se demande son analyste Daniel Bosshard chez 20 Minuten. «Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un nouveau chapitre peu glorieux dans l’histoire du Credit Suisse», a-t-il conclu.

Pour rappel, la banque avait dévoilé en octobre un grand projet de restructuration visant à se recentrer sur la gestion de fortune, la gestion d’actifs et la branche de détail et services aux entreprises pour le marché suisse. Mais avant que ses projets soient divulgués, le CS avait été au cœur d’intenses spéculations durant ce même mois, faisant tanguer son cours de Bourse et fuir des clients. Au quatrième trimestre, les retraits de capitaux s’étaient montés à 110,5 milliards de francs.

La pire année en 167 ans d’histoire

Credit Suisse, qui tente de se relever d’une série de coûteux scandales (dont le dernier en date: un vol de données personnelles), a essuyé en 2022 sa pire perte annuelle depuis la crise financière de 2008. Il a dégagé une perte nette de 7,3 milliards de francs, après une perte de 1,7 milliard déjà en 2021, a-t-il annoncé le 9 février. Les analystes avaient souligné qu’il s’agissait clairement d’une des pires années dans les 167 ans d’histoire de la banque. Et l’avenir s’annonce encore plus sombre: CS table sur une perte avant impôts «substantielle» de 1,6 milliard de francs en 2023 et 1 milliard en 2024. 

(cht)

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