SuisseLa solidarité avec les réfugiés ukrainiens persiste
Neuf mois après le début de la guerre en Ukraine, la solidarité avec les réfugiés ukrainiens reste forte, rendant les attaques de l’UDC vaines… pour l’heure.
Dans le monde politique, notamment au sein du département de la ministre de la Justice Karin Keller-Sutter, plus d’un craignait au printemps que la solidarité avec les Ukrainiens réfugiés ne soit de courte durée, rappelle le «SonntagsBlick». Les prémices étaient apparues lorsque l’attention médiatique s’était détournée des reportages sur la guerre en Ukraine vers la pénurie d’électricité. Moment dont avait profité l’UDC pour exiger de ne plus accorder de protection aux réfugiés ukrainiens provenant de régions «sûres» et de la réserver aux seuls réfugiés du sud et de l’est de l’Ukraine. Mauvais calcul, selon le journal dominical: le jour même, en septembre, où le Conseil national votait sur la suppression du statut S, Vladimir Poutine avait annoncé la mobilisation partielle des hommes russes. Dès lors, l’UDC est restée seule avec sa revendication. Même au sein du parti, les abstentions avaient été nombreuses. La nouvelle escalade de la guerre pourrait ainsi être une raison importante de la grande solidarité persistante de la population suisse avec les Ukrainiens. Pour exemple, Caritas continue à recevoir des propositions de familles d’accueil suisses.
Bienveillance à l’égard des femmes et des chrétiens
La composition des groupes de réfugiés – en majorité des femmes et des enfants, et moins d’hommes jeunes – est aussi un facteur de sympathie notable, notamment lorsqu’il s’agit de personnes cherchant refuge issues d’Europe et de confession chrétienne. Et l’actuelle solidarité avec les Ukrainiens repose probablement aussi sur l’hypothèse qu’ils rentreront un jour, comme l’implique le statut S, orienté vers le retour. Mais que se passerait-il si la guerre devait perdurer des années. La question apporte de l’eau au moulin de l’UDC: le conseiller national zurichois Gregor Rutz demande ainsi ce qui se passerait «si seulement un tiers des Ukrainiens déposaient une demande d’asile».
Solidarité politique mise sous pression
Reste que, d’ici à la fin de l’année, la Confédération s’attend à ce qu’environ 80’000 personnes fuient l’Ukraine. À cela s’ajoutent environ 24’000 demandeurs d’asile qui arrivent en Suisse depuis la route des Balkans ou d’ailleurs. Soit un total de plus de 100’000 réfugiés, note le «SonntagsBlick». On ignore comment ces personnes seront perçues alors. Pour l’heure, l’UDC rencontre encore peu d’écho, note ainsi le journal. Mais ses revendications laissent présager d’une mise sous pression de la solidarité largement répandue avec les Ukrainiens. «Du moins par les politiques. Ce que la population en dira est une autre histoire», conclut le journal.