Automobiliste tué en FrancePolicier mis en examen pour «violences volontaires»
Après la mort d’un homme, tué par un policier près de Paris, le 26 mars, et les heurts qui ont suivi, l’enquête continue. Clamant la «légitime défense», le brigadier est placé sous contrôle judiciaire.
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Une marche à la mémoire de Jean-Pierre a été organisée ce samedi, en fin de matinée, à Aulnay-sous-Bois.
AFPLe policier dont le tir a causé la mort, il y a une semaine, d’un automobiliste à Sevran (France) a été mis en examen pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner», a annoncé, samedi, le Parquet de Bobigny.
Le fonctionnaire de 32 ans, affecté à la brigade anticriminalité (BAC) d’Aulnay-sous-Bois, a été placé sous contrôle judiciaire, assorti notamment d’une interdiction d’exercer une activité de police, a précisé le Parquet. Lors de sa garde à vue, le policier a affirmé avoir été «déséquilibré» lors du contrôle du véhicule de la victime, a ajouté «s’être senti en état de légitime défense» et «avoir fait feu pour cette raison», avait détaillé, vendredi, le procureur de Bobigny, Éric Mathais, lors d’une conférence de presse.
Le drame, qui a causé plusieurs nuits de violences urbaines à Sevran, Aulnay et Tremblay-en-France, s’est déroulé le 26 mars à la mi-journée, lorsqu’une équipe de policiers de la BAC a voulu contrôler la fourgonnette, signalée volée, conduite par Jean-Paul, 33 ans, un habitant du quartier des Beaudottes, à Sevran.
«Portière verrouillée»
Un brigadier est descendu seul de la voiture de police banalisée, qui était bloquée dans le trafic routier, selon les témoignages des trois autres fonctionnaires de police présents sur les lieux et les images de vidéosurveillance, a précisé le procureur de Bobigny. Le mis en cause a déclaré, lors de sa première audition, «s’être placé au niveau de la vitre du conducteur, avoir levé son arme en criant «police!» et disait avoir tenté à plusieurs reprises d’ouvrir la portière, qui était verrouillée», a-t-il poursuivi.
«Il a vu le conducteur enclencher une vitesse et accélérer fortement», a relaté Éric Mathais. «À ce stade de l’enquête, la chronologie exacte de cet enchaînement très rapide n’est pas encore parfaitement établie», les faits s’étant déroulés en moins d’une minute, «entre 12h22 et 12h23». Grièvement blessé à l’omoplate gauche, le chauffeur est mort quelques heures après son admission à l’hôpital. L’autopsie a confirmé que le tir était à l’origine du décès.
«Tué pour rien»
Sur place, un étui percuté de calibre 9 mm a été retrouvé. La balle a traversé la carrosserie et le dossier du siège de la victime. Pour un des avocats de la famille, «Jean-Paul ne représentait aucune menace et il a été tué sans aucune justification, pour rien».
Une marche blanche au départ de la cité du Gros-Saule, à Aulnay-sous-Bois, a été organisée en fin de matinée en mémoire de Jean-Paul, qui élevait quatre enfants et avait pour projet de s’installer au Canada, selon un autre avocat de la famille.