Mer du NordUn champ pétrolier controversé de Shell à l’arrêt
Le développement du champ pétrolier Cambo, décrié par les défenseurs de l’environnement, a été suspendu quelques jours après le retrait du géant des hydrocarbures Royal Dutch Shell.
«Après l’annonce de Shell, la semaine dernière, le projet de Cambo ne peut progresser selon le calendrier qui était prévu à l’origine. Nous suspendons le développement et allons évaluer les prochaines étapes», a expliqué le directeur général de l’opérateur Siccar Point Energy, Jonathan Roger. La semaine dernière, Shell a annoncé son retrait du projet pétrolier situé au large des îles Shetland en Écosse, dont il détenait 30% et Siccar 70%, soutenu par la société de capital-investissement américaine Blackstone.
Le géant pétrolier avait alors affirmé que «l’intérêt économique en faveur d’un investissement dans ce projet n’était pas assez solide pour le moment.» Le patron de Siccar a pour sa part estimé, vendredi, qu’il continuait «de penser que Cambo était un projet solide qui pouvait jouer un rôle important dans la sécurité énergétique du Royaume-Uni en réduisant les importations» plus polluantes en «soutenant une transition énergétique juste.»
Décrié par des ONG
Les ONG de défense de l’environnement contestent depuis des mois ce projet de champs pétroliers qui va selon elles à l’encontre de la transition énergétique et des engagements du Royaume-Uni d’atteindre la neutralité carbone. Le Royaume-Uni est actuellement confronté à une crise provoquée par la flambée de l’énergie dans la foulée de celle des prix du gaz, dont le pays est fortement dépendant. Il ne produit qu’environ 48% de son approvisionnement.
Syndicat outré
Le gouvernement d’Écosse et notamment la première ministre Nicola Sturgeon soutenaient le projet qui devait générer de nombreux emplois qualifiés. Le secrétaire général du syndicat GMB, Gary Smith, a regretté «un abandon de l’intérêt national. Selon lui; les soutiens à la fermeture de Cambo non seulement sacrifient les travailleurs, mais aussi la sécurité de notre approvisionnement en gaz.»
Greenpeace salue
Sam Chetan-Welsh, porte-parole de Greenpeace UK, a souligné dans une réaction reçue par l’AFP, vendredi, que «les plus grands experts mondiaux en énergie avaient dit clairement qu’on ne pouvait se permettre (d’extraire) du nouveau charbon, pétrole ou gaz si nous voulions éviter un changement climatique catastrophique. Les perspectives économiques de Cambo semblaient chancelantes et l’équation climat ne faisait aucun sens. Westminster et le gouvernement écossais doivent à présent mettre fin au soutien» à de nouveaux projets d’hydrocarbures, conclut M. Chetan-Welsh.
Le champ de Cambo contient l’équivalent de plus de 800 millions de barils de pétrole, dont 170 millions devaient être extraits dans la première phase du projet. D’après Siccar, Cambo pourrait aussi fournir assez de gaz naturel pour alimenter 1,5 million de foyers par an.