GrèceMitsotakis et Tsipras mobilisent leurs troupes à deux jours du scrutin
Le Premier ministre grec et le leader de l’opposition tentent de convaincre des indécis des voix pour les législatives de dimanche. Chacun met en avant ses réussites sur le plan économique.
À deux jours des élections en Grèce, le Premier ministre sortant Kyriakos Mitsotakis, qui part favori, mobilise une ultime fois ses troupes, tout comme son principal adversaire Alexis Tsipras, qui appelle au «changement». Le chef du gouvernement sortant et dirigeant de Nouvelle Démocratie (droite) doit prononcer un dernier discours de campagne, vendredi soir, lors d’un meeting dans un quartier touristique d’Athènes, face au temple antique du Parthénon. Au même moment, Alexis Tsipras, 48 ans, le dirigeant de Syriza (gauche), s’exprimera devant ses partisans à Patras, grand port dans le Péloponnèse et troisième ville du pays.
Samedi, à la veille du scrutin qui doit permettre de désigner les 300 députés du Parlement (Vouli), aucune manifestation politique ou publication de sondage n’est autorisée.
En tête des intentions de vote, avec une avance de cinq à sept points, Kyriakos Mitsotakis, 55 ans, pourrait toutefois ne pas disposer, dimanche soir, d’une majorité absolue pour former un gouvernement. Dans ce cas, il souhaite convoquer un nouveau scrutin début juillet, qui, en raison d’un système électoral différent, pourrait permettre à son camp de bénéficier d’un bonus de sièges.
Le dirigeant n’a cessé de mettre en avant la reprise économique durant son mandat, après les années de marasme économique. «La dernière chose dont le pays a besoin, c’est d’instabilité», a-t-il martelé.
«Un Premier ministre qui a redoré l’image de la Grèce à l’étranger»
Kyriakos Mitsotakis accuse Alexis Tsipras, Premier ministre de 2015 à 2019, d’avoir pris le risque de précipiter la Grèce hors de la zone euro, en croisant le fer avec l’Union européenne au moment des délicates négociations pour un nouveau plan d’aide financière, en 2015. Alexis Tsipras, qui a largement recentré l’ex-formation de la gauche radicale ces dernières années, répond avoir réussi à restructurer la colossale dette publique et permis à son pays de sortir de la crise en 2018.
«Allons-nous continuer à construire une Grèce forte ou revenir à l’époque où la Grèce était le paria de l’Europe?», a lancé, mercredi, Kyriakos Mitsotakis. Pour Nikos Petropoulos, retraité athénien de 72 ans, Kyriakos Mitsotakis est «un Premier ministre qui a redoré l’image de la Grèce à l’étranger».
Jeudi soir, Alexis Tsipras a demandé aux Grecs «non pas une seconde chance», mais la première opportunité de «gouverner sans mémorandum, sans coercition, sans troïka, sans Schäuble». Il faisait référence au groupe d’experts des créanciers de la Grèce et à l’ancien ministre allemand des Finances, deux symboles de l’humiliation ressentie par de très nombreux Grecs lors de l’octroi, sous condition, de plans d’aide.
«Nous luttons au quotidien pour payer nos factures et nos courses»
À chaque déplacement, Alexis Tsipras pointe du doigt les difficultés rencontrées au quotidien par de nombreux Grecs, victimes de la cherté de la vie et des prix de l’énergie qui flambent. «Comment le gouvernement Mitsotakis peut se réjouir du retour de la croissance, alors que nous luttons au quotidien pour payer nos factures et nos courses?», s’exclame Giorgos Thomopoulos, 46 ans, un enseignant.
Alexis Tsipras a appelé les électeurs à mettre fin au gouvernement qui a, selon lui, «bradé les services publics» et «malmené l’État de droit». Kyriakos Mitsotakis est «le principal responsable» du scandale de surveillance, par le Renseignement, de journalistes et hommes politiques qui a secoué le gouvernement l’an dernier, a-t-il asséné.
Forte abstention redoutée
De nombreux observateurs redoutent par ailleurs une forte abstention dimanche. Lors des dernières élections législatives, en 2019, elle avait déjà enregistré un record de 42 pour cent. Face à la colère qu’a suscitée, au sein de la jeunesse, le grave accident ferroviaire du 28 février, qui a fait 57 morts, le vote des jeunes et des indécis s’avérera déterminant.
«Je vais partir à l’étranger pour trouver du travail. Peu m’importe quel gouvernement sort, je n’ai plus grand espoir pour l’avenir du pays», confie Angelos, un étudiant de 19 ans.