Affaire FourniretEstelle Mouzin? «Il aurait fallu que je la sauve», admet Monique Olivier
Jugé pour complicité dans trois meurtres et enlèvements, l’ex-femme du tueur en série Michel Fourniret n’a livré, jeudi, que son ignorance et ses regrets au sujet de la petite Estelle.
«C’était l’enfant que tout le monde cherchait.» Une photo projetée des yeux verts d’Estelle Mouzin a surplombé la salle d’audience, jeudi à Nanterre, pendant l’interrogatoire laborieux de Monique Olivier, accusée de complicité dans l’enlèvement et le meurtre de la fillette de neuf ans.
Parfois exaspérée, parfois hésitante, l’ex-épouse du violeur et tueur en série Michel Fourniret a souvent répondu devant la Cour d’assises des Hauts-de-Seine: «Je ne sais pas» et «Je ne me souviens plus».
Elle répondait aux questions sur les faits qui se sont déroulés du 9 janvier 2003, jour de l’enlèvement d’Estelle à Guermantes (à l’est de Paris), au 11 janvier de la même année, date à laquelle Michel Fourniret a enfoui la fillette dans une forêt, comme elle l’a elle-même raconté.
«C’est le dernier moment où on parle d’Estelle! C’était l’enfant que tout le monde cherchait, je vous en supplie, dites-nous!» lui a lancé Me Didier Seban, avocat de la famille Mouzin. Plusieurs fois, il lui demande de donner plus d’indications sur le lieu où se trouve toujours le corps de la petite fille.
«Je n’ai rien à cacher»
«Je ne sais pas, je n’en sais rien!» répond l’accusée de 75 ans, à chaque fois que la question est posée. «Je n’ai rien à cacher», répète-t-elle, assurant que si elle connaissait l’emplacement, elle le dirait. Malgré plusieurs campagnes de fouilles dans les Ardennes, le corps d’Estelle Mouzin n’a jamais été retrouvé.
Monique Olivier souffle ou bafouille mais reste froide quand on lui demande ce qu’elle a pu dire ou faire à Estelle lorsqu’elle l’a gardée plusieurs heures dans la maison insalubre et glaciale de Villes-sur-Lumes, dans les Ardennes, le lendemain de l’enlèvement.
Selon l’accusée, Michel Fourniret a séquestré la petite fille dans cette maison. Elle n’était «pas attachée» mais «pas remuante» non plus, et «elle pleurait». Elle a raconté l’avoir emmenée aux toilettes et lui avoir donné un verre d’eau: d’après ses dires, Estelle a dit qu’elle voulait sa maman et Monique Olivier lui a promis qu’elle la reverrait, seul échange qu’elle reconnaît avoir eu avec la fillette.
«J’étais totalement étonnée de voir cette petite fille là, c’est pour ça que je ne suis pas restée trop longtemps avec elle», a-t-elle affirmé pour justifier sa quasi-indifférence, ne supportant pas de voir une fillette aussi jeune.
«Il fallait qu’il soit pire que Dutroux»
«Il aurait fallu que je réagisse autrement, que je la sauve», a-t-elle ensuite confié. Monique Olivier a tenté d’expliquer pourquoi son mari avait choisi une si jeune victime. «Il voulait être le premier partout, donc il fallait qu’il soit pire que (Marc) Dutroux», le pédocriminel et tueur multirécidiviste belge.
Interrogée à plusieurs reprises par le président et Me Seban sur d’éventuelles violences sexuelles commises par Michel Fourniret sur Estelle, elle a dans un premier temps répondu: «Il ne m’en a pas parlé.» «Le connaissant, lui, ça ne m’étonnerait pas qu’il ait fait une tentative (de viol) et qu’il n’y soit pas arrivé», a-t-elle lâché plus tard, bousculée par les questions de Me Seban.
Michel Fourniret avait fini par avouer, en mars 2020, avoir enlevé et tué Estelle Mouzin. Monique Olivier avait confessé son implication un an plus tard. Pourquoi ce silence pendant tant d’années? À cause du très jeune âge de la dernière victime de son ex-mari. «Dans ma tête, je ne voulais pas admettre cette affaire-là», souffle-t-elle.
Le président a refusé que l’interrogatoire se poursuive vendredi.