CrisePrix des engrais: l’UE veut muscler les aides aux agriculteurs
Bruxelles a dévoilé son plan pour amortir l’impact de la flambée des prix et renforcer l’autonomie européenne.
Aides accrues aux agriculteurs, diversification des importations, transparence du marché: Bruxelles a dévoilé mercredi ses recettes pour amortir l’impact de la flambée des prix des engrais, sur fond de crise énergétique et de perturbations provoquées par la guerre en Ukraine.
Les prix des engrais de synthèse (à base d’azote, phosphore ou potasse) se sont envolés à la suite des perturbations de l’offre de la Russie, qui en était le premier exportateur mondial, et de la flambée des cours du gaz, essentiel pour leur fabrication. «Par rapport aux années précédentes, les prix des engrais sont en moyenne 3 à 5 fois plus élevés pour les agriculteurs», indique la Commission européenne dans un long rapport.
Conséquence: «les agriculteurs achètent et utilisent moins d’engrais, ce qui compromet directement les rendements et la qualité de leurs prochaines récoltes», au risque d’intensifier l’inflation des prix alimentaires, s’alarme l’exécutif européen, qui appelle les États à recourir à des instruments existants et esquisse de nouvelles mesures.
Lever les droits de douane
La Commission propose de puiser en 2023 dans la réserve de crise, dotée de 450 millions d’euros, prévue par la nouvelle Politique agricole commune (PAC) pour aider les agriculteurs les plus affectés. Mais, rappelle-t-elle, les Vingt-Sept peuvent déjà soutenir à coups d’aides publiques massives les exploitations agricoles et producteurs d’engrais, grâce à l’assouplissement du cadre européen sur les aides d’État, récemment prolongé jusqu’à fin 2023.
Dans ce contexte, la Commission avait également proposé en septembre de lever les droits de douane sur l’importation d’ammoniac et d’urée, composants cruciaux pour la fabrication d’engrais, pour aider les producteurs et faire retomber les prix. À l’approche de l’hiver, elle appelle les États à garantir aux usines d’engrais «un accès continu et ininterrompu au gaz naturel» en cas de rationnement.
L’exécutif européen souhaite aussi renforcer la transparence du marché, en lançant l’an prochain «un observatoire» pour recenser les données sur les stocks, prix et transactions dans chaque pays.
Engrais organiques
Parallèlement, Bruxelles s’efforce de diversifier les fournisseurs de l’UE: «Oman, le Turkménistan et le Qatar ont été identifiés comme des sources d’engrais azoté alternatives» à la Russie et au Bélarus, alors que les importations venant d’Égypte et d’Algérie se sont déjà envolées, note le rapport.
Enfin, la Commission veut doper le recours aux engrais organiques (produits à partir de biodéchets valorisés, fumier, boues…): elle promet pour 2023 «un plan d’action pour la gestion intégrée des nutriments», et appelle à réviser les plans nationaux déclinant la PAC pour encourager davantage des pratiques «durables» et l’agriculture de précision.
Plusieurs États réclament l’assouplissement de la réglementation sur les nitrates pour faciliter l’usage d’engrais issus du fumier: «Nous étudions cette possibilité mais c’est une question compliquée», a simplement indiqué le commissaire à l’Agriculture Janusz Wojciechowski.