DiplomatieL’Assemblée générale de l’ONU exige le retrait russe d’Ukraine
L’Assemblée générale de l’ONU a voté jeudi à une très large majorité une résolution appelant au retrait des forces militaires russes d’Ukraine.
L’Assemblée générale de l’ONU a exigé jeudi un retrait «immédiat» des troupes russes qui ont envahi l’Ukraine il y a un an, votant à une très large majorité une résolution appelant aussi à une paix «juste et durable».
«Nous avons obtenu une victoire (…). Le monde comprend de quel côté est la vérité», s’est félicité le chef de l’administration présidentielle ukrainienne Andriï Yermak. Et c’est «bien plus que l’Occident», a souligné le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba. «C’est une majorité écrasante de la part de la communauté internationale qui confirme son fort soutien pour l’Ukraine, victime de l’agression russe», s’est réjoui le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Sous les applaudissements, la résolution non contraignante a recueilli 141 voix pour, 7 contre (Russie, Bélarus, Syrie, Corée du Nord, Mali, Nicaragua, Érythrée) et 32 pays se sont abstenus, dont la Chine et l’Inde, sur les 193 États membres des Nations Unies. Un soutien similaire au mois d’octobre, quand 143 pays avaient condamné les annexions de plusieurs territoires ukrainiens par la Russie, cinq votant contre.
«Paix globale, juste et durable»
Mercredi et jeudi, les représentants de dizaines de pays ont défilé à la tribune de l’ONU pour soutenir l’Ukraine. Et «nous la soutiendrons aussi longtemps qu’il le faudra», a insisté sur Twitter le chef de la diplomatie britannique James Cleverly, qui participera vendredi à un Conseil de sécurité de l’ONU au niveau ministériel pour marquer l’anniversaire de l’invasion.
La résolution de l’Assemblée générale réaffirme l’«attachement» à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et «exige» que la Russie «retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays», une référence aux territoires annexés par la Russie.
Elle appelle également à une «cessation des hostilités» et «souligne la nécessité de parvenir, dans les meilleurs délais, à une paix globale, juste et durable en Ukraine conformément aux principes de la Charte des Nations Unies». Depuis un an, alors que la Russie use de son droit de véto pour empêcher toute action au Conseil de sécurité sur l’Ukraine, l’Assemblée générale a pris le relais sur ce dossier. Et même si ses résolutions sont non contraignantes, «ce n’est pas seulement un bout de papier», a défendu Josep Borrell.
«Pas de vainqueurs»
«Dans un an, nous ne devons pas nous retrouver pour marquer le deuxième anniversaire de cette guerre d’agression absurde», a lancé de son côté le ministre japonais des Affaires étrangères Yoshimasa Hayashi, espérant à la place un «sommet pour la paix» en 2024. Mais «la Russie ne montre aucun désir pour la paix (…). Elle ne connaît de paix que celle du silence, des morts, et des ruines», a mis en garde son homologue française Catherine Colonna.
Un «chemin vers la paix» qui est pourtant «très clair»: «la Russie doit arrêter de bombarder», a insisté la chef de la diplomatie allemande Annalena Baerbock. «Ce n’est pas la paix quand un agresseur demande à sa victime d’abandonner».
Mercredi à l’ouverture de cette session spéciale, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait lui fustigé «l’affront à notre conscience collective» que représente l’invasion de l’Ukraine. «Les possibles conséquences de l’escalade du conflit sont un danger clair et déjà là», avait-il averti, évoquant notamment les risques nucléaires.
«Abysses de la guerre»
Mais le président Vladimir Poutine a juré cette semaine de poursuivre «méthodiquement» son offensive en Ukraine, dans un discours à la rhétorique anti-occidentale rappelant la Guerre froide. Son ambassadeur à l’ONU Vassili Nebenzia s’en est également pris aux Occidentaux, les accusant, «dans leur désir d’infliger une défaite à la Russie», d’être «prêts à plonger le monde entier dans les abysses de la guerre».
Cette guerre n’est pas une question «de l’Occident contre la Russie», a répondu Josep Borrell. «Cette guerre illégale concerne tout le monde: le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest». C’est même une «guerre mondialisée», mais «pas une guerre mondiale», a-t-il commenté en soulignant les impacts en cascade sur la planète entière.
Les trois précédentes résolutions liées à l’agression russe votées par l’Assemblée générale depuis un an avaient recueilli entre 140 et 143 voix pour, avec une poignée de pays votant systématiquement contre (Russie, Bélarus, Syrie, Corée du Nord) et moins de 40 s’abstenant. Une quatrième un peu différente en avril, qui a suspendu la Russie du Conseil des droits de l’Homme, avait été moins consensuelle (93 voix pour, 24 contre, 58 abstentions).