Afrique du SudUn navire russe inquiète des militants pour le climat
L’Akademik Alexandre Karpinski, arrivé samedi au Cap, est en route vers le pôle Sud. Des écologistes redoutent que le brise-glace ne vise en réalité à préparer l’exploitation minière de l’Antarctique.
Un brise-glace russe en mission scientifique a fait escale ce week-end au Cap (Afrique du Sud), provoquant l’inquiétude de militants pour le climat qui craignent que Moscou ne vise l’exploration du sous-sol en Antarctique, une région protégée.
«Ne touchez pas à l’Antarctique»
L’Akademik Alexandre Karpinski, arrivé samedi, est en route vers le pôle Sud dans le cadre d’une mission scientifique lancée fin 2022, selon des médias russes. Le navire appartient à la Polar Marine Geosurvey Expedition, une filiale de la société d’exploration minière publique russe RosGeo. «Nous pensons que l’exploitation sera la prochaine étape» après l’exploration des richesses du sous-sol, a déclaré la porte-parole de l’ONG Extinction Rebellion Jacqui Tooke. Un petit groupe de militants écologistes s’est rassemblé dimanche au port du Cap en scandant: «Non aux énergies fossiles, ne touchez pas à l’Antarctique, non à la guerre».
L’exploitation du sous-sol (minerais, gaz, pétrole) est interdite en Antarctique. RosGeo a pour sa part démenti vouloir explorer ces ressources: les activités de RosGeo «sur le continent de l’Antarctique et dans les mers voisines sont de nature exclusivement scientifique», a déclaré samedi un porte-parole au journal russe «Kommersant».
Extraction minière interdite
La 68e expédition scientifique russe en Antarctique a entrepris d’étudier le changement climatique et l’océanologie dans ces mers. Le Protocole de Madrid de 1991 interdit toute extraction minière en Antarctique avec, notamment, des mesures pour la protection de sa flore et de sa faune, la prévention de la pollution marine, le contrôle du tourisme et la gestion des déchets.
Affirmant dimanche à l’AFP que le brise-glace utilisait le Cap «comme rampe de lancement pour des missions en Antarctique depuis plus de 20 ans», la militante de Greenpeace Elaine Nills a estimé que «l’Afrique du Sud (avait) le devoir moral (...) de ne pas permettre ce genre d’activité dans un domaine très sensible sur le plan écologique». L’Akademik Alexandre Karpinski, qui a quitté Saint-Pétersbourg à Noël selon une application de suivi des navires, rejoindra le navire Akademik Fedorov, parti de Russie en novembre dernier.
Liens étroits entre Moscou et Pretoria
Le brise-glace est arrivé en Afrique du Sud juste après une visite dans le pays du ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Lavrov. L’Afrique du Sud, critiquée pour sa position «neutre» et son refus de condamner Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine, a franchi un nouveau cap la semaine dernière en se disant «amie» de la Russie. Pretoria a aussi annoncé qu’elle accueillerait du 17 au 27 février des exercices maritimes conjoints avec la Russie et la Chine.
Ces liens étroits entre Moscou et Pretoria, en pleine guerre russe en Ukraine, ont provoqué l’irritation de pays occidentaux et, notamment, du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. En décembre, l’Afrique du Sud a déjà été critiquée pour avoir autorisé un cargo russe visé par les sanctions occidentales à amarrer et décharger sa cargaison dans une base navale du Cap.