Comportement «intolérable et indigne»: prison ferme pour un ex-avocat

Menaces, tentatives de contraintes, instigation à dénonciation calomnieuse, instigation à faux témoignage ou tentative d’entrave à l’action pénale, la liste des chefs d’accusations est longue pour cet ex-avocat de Martigny, 38 ans, qui a comparu jeudi devant le Tribunal de Martigny. Les faits remontent aux années 2017 et 2018 alors que le frère cadet de l’avocat était poursuivi par cinq victimes pour des viols et agressions sexuelles.

L’avocat a alors usé du prestige de sa profession pour intimider certaines victimes de son frère ou faire pression sur des témoins (dont quatre ont été condamnés depuis pour faux témoignage). La présidente du tribunal a qualifié son comportement «d’intolérable et indigne» de la part d’un homme de loi. En 2017 déjà, il avait été placé en détention préventive, sur décision du Tribunal des mesures de contrainte «pour menaces et tentative de contrainte ainsi que pour tentative d’entrave à l’action pénale, voire instigation à faux témoignage».

Pour éviter toute collusion, il avait alors passé trois mois en détention. Mais il aura fallu plus de cinq ans pour que cette affaire trouve son épilogue devant la justice valaisanne. Entre-temps, son frère a été condamné en 2019 à 6 ans de prison ferme pour contrainte sexuelle, tentative de viol et actes sexuels sur des personnes incapables de résistance. Pendant ce temps, son avocat de frère a contesté par toutes les voies de droit possibles les accusations portées contre lui. Mais, au printemps 2022, changement de stratégie, il a engagé une «procédure simplifiée» avec le Ministère public valaisan. Au mois d’avril, il a renoncé de lui-même à son statut d’avocat.

L’acte d’accusation, qui résulte de cette procédure, établit les «procédés douteux et illégaux» qu’il a utilisés à de multiples reprises pour influencer la procédure lancée contre son frère. Cet acte a été ratifié jeudi par le Tribunal de Martigny, en présence de quatre parties plaignantes, qui ont été indemnisées à hauteur de plusieurs dizaines de milliers de francs. L’ex-avocat a reconnu ses torts et a exprimé brièvement ses regrets. Pour la présidente de la cour, Diane Krombichler, le prévenu a pu bénéficier d’un jugement qu’elle a qualifié de «clément», en regard de toutes les souffrances qu’il a fait endurer aux victimes par son comportement.

L’ex-avocat est condamné à 30 mois de privation de liberté, dont 24 mois avec sursis durant trois ans et 6 mois de prison ferme. Comme il a déjà été détenu 3 mois, il lui en reste donc 3. Les parties plaignantes avaient donné leur accord à cette procédure simplifiée pour en terminer avec cette histoire qui n’a que trop duré. Mais, pour le prévenu, ses ennuis avec la justice ne semblent pas tout à fait terminés, puisque le Tribunal a pris acte que deux autres procédures étaient pendantes contre lui pour menaces. Le prévenu a par d’ailleurs déclaré qu’il était actuellement à l’assurance maladie et qu’il n’avait aucun projet professionnel en vue.