Espagne – L’erreur de vote d’un député cause une tempête politique

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EspagneL’erreur de vote d’un député cause une tempête politique

La droite espagnole exige l’invalidation du scrutin qui a permis de faire passer la réforme du marché du travail. L’un de ses députés, qui avait approuvé le texte, jure que son vote a été mal enregistré.

La réforme du marché du travail, adoptée jeudi, a été négociée durant des mois par le gouvernement espagnol.

La réforme du marché du travail, adoptée jeudi, a été négociée durant des mois par le gouvernement espagnol.

REUTERS

L’erreur de vote rocambolesque d’un député conservateur, qui a permis au gouvernement de gauche de sauver in extremis sa réforme du marché du travail, a provoqué vendredi une tempête politique en Espagne, où l’opposition envisage de porter l’affaire en justice.

Un «abus de pouvoir» et une «erreur démocratique impardonnable»: voilà comment le Parti Populaire (droite) a qualifié le vote ayant permis jeudi au Congrès espagnol de valider ce texte, par 175 voix contre 174. En cause, le refus opposé par les instances du Parlement à l’un de ses députés, Alberto Casero, qui souhaitait faire rectifier son vote, enregistré comme favorable à la réforme alors qu’il souhaitait s’y opposer.

Dans une lettre publiée vendredi, cet élu conservateur, qui était malade et votait à distance, a raconté s’être rendu compte d’une erreur en recevant son «certificat» de vote électronique. Il s’est alors rendu au Parlement pour demander à revoter. Sans succès.

La présidente du Congrès se trompe à l’annonce du résultat

«La présidente a été informée avant le début du scrutin qu’un député voulait exercer son droit, en votant en personne, car il y avait eu un problème avec le système de vote électronique», a expliqué le chef de file du Parti Populaire, Pablo Casado.

«Les règlements du Congrès disent clairement que dans ce type de situation», l’organe de direction du Parlement «doit se réunir pour prendre une décision», a-t-il insisté, en assurant que dans «d’autres cas» similaires, le vote avait été «annulé».

Outre cette erreur de vote, d’autres faits inhabituels ont marqué le vote de jeudi, survenu dans un contexte de vive tension, le gouvernement ayant échoué à obtenir l’appui de certains de ses alliés traditionnels, comme les indépendantistes catalans d’ERC.

Deux députés de l’Union du peuple de Navarre, une petite formation de droite, se sont ainsi opposés au texte, alors qu’ils s’étaient engagés à voter pour – conformément à la consigne de leur parti. Au moment crucial de l’annonce du résultat, la présidente du Congrès, la socialiste Meritxell Batet, a énoncé à l’hémicycle le rejet de la réforme, avant de se reprendre. Un revirement accueilli avec consternation par l’opposition, et soulagement par le gouvernement.

Manœuvre «trumpiste»

L’adoption de la réforme, destinée à réduire la précarité du marché de l’emploi, était l’une des conditions posées par Bruxelles au versement d’une partie du plan de relance européen, dont Madrid est l’un des principaux bénéficiaires avec 140 milliards d’euros.

Au lendemain de ce vote agité, le Parti Populaire a promis de «se battre jusqu’au bout» pour obtenir l’invalidation du scrutin.

Alberto Casero, le député de 43 ans au cœur du scandale, jusqu’ici inconnu du grand public, est devenu l’objet de multiples moqueries sur les réseaux sociaux, où certains l’ont élevé ironiquement au rang de héros de la gauche.

Le parti socialiste (PSOE) a dénoncé une «réaction excessive». «Il n’y a jamais eu de panne technique dans le vote électronique, jamais», a insisté lors d’une conférence de presse Adriana Lastra, secrétaire générale adjointe du PSOE, en dénonçant une manœuvre «trumpiste» du PP – en référence aux allégations de fraude formulées par Donald Trump lors des élections américaines de 2020.

(AFP)

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