SuisseLes fraudeurs du Covid ont déjà empoché 290 millions de francs
Le nombre de crédits Covid détournés est nettement plus élevé que prévu. Et ce n’est pas terminé, car de nombreux cas n’ont pas pu être encore passés sous la loupe de la justice.
Les crédits Covid avaient été mis sur pied d’urgence pendant la pandémie pour permettre aux entreprises et aux PME de survivre à la crise. En quelques démarches, il était possible d’obtenir de l’argent pour se maintenir à flot face au confinement. La Confédération se doutait bien qu’il y aurait des fraudeurs parmi les demandeurs. Mais leur nombre dépasse toutes ses craintes. Ainsi, selon les nouveaux chiffres du Secrétariat d’État à l’économie, au moins 290 millions de francs de crédits Covid ont été utilisés de manière abusive, révèle dimanche la NZZ am Sonntag.
«Les abus sont pratiquement exclus», disait Ueli Maurer
Par rapport à la somme totale des crédits de 16,9 milliards de francs versés, le taux de fraude est actuellement de 1,7%. Mais il devrait augmenter de manière significative dans les années à venir, selon le journal. Car pour l’instant, seuls 2500 cas sont responsables de la perte de ces 290 millions de francs. Or les autorités n’ont pas pu encore enquêter sur 4600 autres cas d’escroquerie présumée.
Ces chiffres contrastent avec les propos rassurants du Conseil fédéral à l’époque. «Les abus sont pratiquement exclus, j’en suis fondamentalement convaincu», avait déclaré Ueli Maurer, alors ministre des Finances, en mars 2020. Il avait aussi affirmé que si Berne n’injectait pas rapidement de l’argent dans l’économie, il y aurait des dizaines de milliers de chômeurs en l’espace de quelques semaines.
Une méthode bien rodée et pas de contrôle
Pour obtenir de l’argent, les fraudeurs avaient utilisé de faux chiffres d’affaires afin d’obtenir des crédits Covid plus élevés; ils avaient aussi déposé des demandes auprès de plusieurs banques en même temps ou s’étaient inscrits via des entreprises inactives. De plus, beaucoup d’entre eux avaient déjà commis des fraudes auparavant.
Mais les crédits accordés entre mars et fin juillet 2020 n’ont pratiquement pas été contrôlés. La plupart des demandes tenaient sur une feuille A4 et ne contenaient guère plus que quelques informations sur l’entreprise et le chiffre d’affaires de l’année dernière, selon la NZZ am Sonntag. Qui rappelle que dès le début, des voix critiques s’étaient élevées contre l’octroi trop simple de cet argent, mettant en garde contre le risque d’abus.
Désormais, pour la justice, le nombre croissant de cas de fraude Covid devient une charge. Dans plusieurs cantons, le budget des postes a dû être augmenté.