FootballMario Gavranovic en veut à Murat Yakin
Mario Gavranovic a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a détaillé les raisons de sa retraite internationale. Il s’en va déçu par l’attitude du sélectionneur suisse.
- par
- Elias Baillif
Jeudi, Mario Gavranovic a annoncé sa retraite internationale. À cette nouvelle, pas grand monde n’y était préparé. Gavranovic n’a que 32 ans, il performe bien en club, et surtout, la Coupe du Monde, c’est dans deux mois. Le timing a de quoi interroger.
Le joueur le dit lui-même, cela fait plusieurs mois qu’il pensait à ranger le maillot de la Nati au placard. «Après l’Euro, ma situation, mon rôle dans l’équipe a un peu changé», a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse, samedi après-midi. L’attaquant en a parlé avec ses proches, et en juin, il a confié à Murat Yakin (le sélectionneur) et à Pierluigi Tami (le directeur des équipes nationales) ses envies de raccrocher.
Du côté du sélectionneur et du directeur des équipes nationales masculines, on lui a demandé de reconsidérer sa décision. De prendre au moins les vacances pour réfléchir. Une semaine après le dernier match de Nations League contre le Portugal, Pierluigi Tami s’est même rendu au Tessin auprès de Gavranovic. Les deux hommes se connaissent depuis longtemps et disposent d’une relation de confiance. Et «Super Mario» le dit lui-même, s’il a accepté à l'époque de reporter sa décision, c’est en bonne partie dû à Pierluigi Tami.
La dernière liste de Yakin, un détonateur
Malgré ce temps de réflexion, à la rentrée, la position d’un héros de Suisse – France n’a pas changé. Murat Yakin a toutefois tenté de le convaincre une nouvelle fois de continuer l’aventure. Si Gavranovic, après tant d’années en équipe nationale, n’avait plus très envie d’être le 23e joueur, le sélectionneur s’est voulu rassurant. «Je leur ai dit qu’ils pouvaient sans problème convoquer un jeune qui serait content de prendre ce rôle. Mais la réponse qu’ils m’ont donnée, c’est que je n’étais pas le 23e joueur, que j’étais important», raconte l’actuel buteur du Kayserispor.
Mais jeudi, tout a basculé. Gavranovic a appris d’une façon ou d’une autre qu’il ne faisait pas partie de la liste pour les matches contre l’Espagne et la République tchèque (une liste rendue publique le jour d’après). Il a alors annoncé sa retraite dans la foulée, sur les réseaux sociaux.
«Quand le sélectionneur a dit en conférence de presse que je n’étais pas prêt à être le 23e joueur, oui, c’est vrai. Mais sa réponse n’est pas complète», regrette Gavranovic à propos des dires de Murat Yakin. «Ils me disent que je suis important pour eux et après je ne suis pas convoqué. Ça, je ne le comprends pas. C’était beaucoup plus facile pour le coach et Pierluigi de dire ‘ok, on accepte ta décision, et c’est bon’.»
Excepté cette fin quelque peu regrettable, Gavranovic quitte l’équipe de Suisse la valise remplie de souvenirs. Quand on lui demande quels ont été ses meilleurs moments sous le maillot rouge à croix blanche, évidemment, il parle en premier du match historique contre les Bleus. «Lors du but, j’ai ressenti la même chose que chaque Suisse a ressentie. 90-95% des gens que je croise me parlent de ce but», dit-il. Mais Gavranovic tient aussi en haute estime ce match contre la Croatie, en 2012, lorsqu’il marque son premier but en équipe nationale. Sans oublier ses buts contre l’Allemagne en Ligue des nations, en 2020.
Dans toute cette histoire, reste une dernière question. Une question pas franchement importante, certes, mais un peu troublante quand même: pourquoi avoir communiqué la nouvelle de sa retraite internationale le même jour que Roger Federer? «C’était juste une coïncidence», coupe-t-il.