France - L’Etat va indemniser la famille d’un manifestant tué par des gendarmes

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FranceL’État va indemniser la famille d’un manifestant tué par des gendarmes

Rémi Fraisse est mort en 2014 lors de l’évacuation d’une ZAD dans le sud de la France. Jeudi, un tribunal de Toulouse a condamné le gouvernement à verser 46’000 euros à ses proches.

La mort de Rémi Fraisse, militant écologiste, avait soulevé une vague d’indignation en France.

La mort de Rémi Fraisse, militant écologiste, avait soulevé une vague d’indignation en France.

AFP

Après des années de procédure, la famille de Rémi Fraisse, manifestant écologiste de 21 ans tué lors d’une intervention des gendarmes mobiles dans le sud de la France en 2014, a obtenu qu’une responsabilité de l’État soit admise par la justice administrative. «C’est la reconnaissance d’une responsabilité a minima», a réagi Claire Dujardin, avocate de la famille Fraisse, qui avait été déboutée au pénal, la dernière fois par la Cour de cassation en mars dernier.

Le Tribunal administratif de Toulouse a reconnu «la responsabilité sans faute de l’État pour le décès de Rémi Fraisse dans les suites de l’intervention des forces de l’ordre, à l’occasion des manifestations sur le site du projet de barrage de Sivens, et indemnise les ayants droit de la victime de leur préjudice moral à hauteur d’un montant total de 46’400 euros», selon un communiqué publié jeudi.

«C’est une victoire importante, une étape nécessaire dans le combat de la famille de Rémi qui n’a eu de cesse de demander vérité et justice. Pour la première fois, l’État est condamné dans le cadre d’une opération de maintien de l’ordre menée par les gendarmes ayant entraîné la mort d’une personne», a ajouté Me Dujardin.

État «civilement responsable»

Le 26 octobre 2014, le botaniste avait été tué par l’explosion d’une grenade offensive de type OF-F1, lancée par un gendarme mobile, lors de violents affrontements sur le chantier de la retenue d’eau controversée de Sivens. Quelques jours après sa mort, le gouvernement avait suspendu l’utilisation de ces grenades par les forces de l’ordre, avant de les interdire définitivement plusieurs mois plus tard.

Le Tribunal administratif «a admis la responsabilité sans faute de l’État» en s’appuyant sur l’article L. 211-10 du code de la sécurité intérieure, selon son communiqué. Cet article prévoit que l’État «est civilement responsable des dégâts et dommages résultant des crimes et délits commis, à force ouverte ou par violence, par des attroupements ou rassemblements armés ou non armés, soit contre les personnes, soit contre les biens».

Le tribunal a aussi «retenu une imprudence fautive commise par la victime de nature à exonérer partiellement l’État de sa responsabilité». «Derrière cette condamnation se cache cependant une dénégation criante de la réalité», dénonce l’avocate de la famille, estimant «indécent» que la juridiction administrative ait ainsi retenu «la faute commise par la victime pour exonérer l’État de sa responsabilité à hauteur de 20%».

La CEDH a été saisie

Pour Arié Alimi, avocat du père du jeune militant écologiste, «les justices pénale et administrative ne veulent pas reconnaître la faute de l’État et du gendarme. Dès lors, la Cour européenne des droits de l’homme, qui est déjà saisie, tranchera cette affaire».

Le gendarme auteur du tir de grenade n’a pas été mis en examen. En 2018, il a bénéficié d’un non-lieu, confirmé par la Cour d’appel de Toulouse en 2020, puis par la Cour de cassation en mars 2021. «La famille continuera donc à se battre pour l’honneur de Rémi et pour toutes les victimes de la violence d’État», a conclu Me Dujardin.

(AFP)

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