ParlementEndométriose, lipœdème: en faire plus contre les maladies féminines
Le National a adopté une motion de sa Commission de la santé qui demande que les pathologies touchant particulièrement les femmes soient mieux identifiées et fassent l’objet de recherches plus ciblées.
- par
- Christine Talos
Les maladies qui touchent particulièrement les femmes devraient être identifiées plus clairement et faire l’objet de recherches plus ciblées afin de permettre de meilleurs diagnostics. Le National a adopté mardi une motion en ce sens émanant de sa Commission de la santé. Les États doivent encore se prononcer.
De nombreuses maladies ne sont souvent pas diagnostiquées à temps et il existe peu de traitements pour les soigner, relève le texte. «Elles font l’objet de peu de recherches, sans doute parce qu’elles touchent exclusivement ou majoritairement les femmes.»
Risque de traitements inappropriés
«Les femmes vivent plus longtemps car elles font davantage attention à leur santé; elles fument et boivent moins par exemple, a souligné Ruth Humbel (C/AG) au nom de la commission. Mais ça ne veut pas dire qu’elles ont moins de problèmes de santé.» Or, selon elle, le manque de recherches sur les maladies typiquement féminines ainsi que les diagnostics mal posés donnent lieu à des traitements inappropriés et donc des coûts inutiles.
Sa corapportrice, Léonore Porchet (Verts/VD), a évoqué de son côté l’endométriose, une maladie longtemps ignorée qui touche la muqueuse utérine. «C’est une souffrance terrible, à la fois physique et psychologique, pour les femmes qui en sont victimes. Elle engendre des incapacités de travail et diminue la fertilité», a-t-elle relevé. Elle a aussi cité le lipœdème, une maladie qui entraîne un dépôt anormal de graisse sous la peau, ce qui provoque une augmentation disproportionnée du volume des jambes. «Il y a très peu de recherches sur cette maladie et très peu de traitements.»
Programme de recherches réclamé
La commission demande donc que le Fonds national suisse (FNS) lance un programme de recherche et que des directives contraignantes soient élaborées à l’attention du personnel médical. La Commission fédérale pour la qualité doit également promouvoir la qualité des traitements de ces maladies.
L’UDC a tenté de s’opposer à la motion. «Le Conseil fédéral a prouvé que les chercheurs peuvent déjà faire appel au FNS pour des projets sur ces maladies. Il ne faut pas inventer de nouvelles tâches», a ainsi souligné Andreas Glarner (UDC/AG).
Un rapport en route
Le Conseil fédéral était également opposé à la motion. Alain Berset a ainsi confirmé que le FNS offrait déjà la possibilité aux chercheurs de demander des fonds pour soutenir leur projet. «La prise de conscience des questions spécifiques liées au genre est en outre au centre du programme Spirit, a-t-il relevé. Par ailleurs, un rapport est attendu l’année prochaine, à la suite d’un postulat déposé par Laurence Fehlmann Rielle (PS/GE). «Il servira de fondement au développement de mesures pour pallier les éventuelles discriminations dans le domaine de la santé», a précisé le ministre. Qui a toutefois prévenu: «Il est prévisible que la plupart des mesures possibles ne relèvent pas directement de la compétence de la Confédération.»