Paris (F)Tirs mortels de policiers: le conducteur a été mis en examen
Jeudi, la justice a ouvert une enquête pour tentative d’homicide volontaire à l’encontre de l’automobiliste qui a tenté de prendre la fuite à Paris, samedi. Une des passagères a perdu la vie.
Le conducteur du véhicule soupçonné d’un refus d’obtempérer lors d’un contrôle samedi à Paris au cours duquel des policiers ont tiré, tuant une de ses passagères, a été mis en examen jeudi notamment pour «tentative d’homicide volontaire» et placé en détention provisoire, selon une source judiciaire.
L’homme est mis en examen pour «tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique, récidive de refus d’obtempérer aggravés, récidive de conduite d’un véhicule malgré injonction de restituer son permis de conduire et récidive de conduite sous l’empire d’un état alcoolique». Il a été «placé en détention provisoire sur le lieu de son hospitalisation», a précisé la même source.
«La voiture ne pouvait pas circuler»
Gravement blessé par un tir des policiers au thorax, le conducteur a été entendu par le juge d’instruction à l’hôpital où il a été admis après les faits, selon le parquet. L’homme, âgé de 38 ans, avait été placé mardi en garde en vue pour avoir refusé d’obtempérer par deux fois lors d’un contrôle de son véhicule dans le XVIIIe arrondissement par des fonctionnaires à VTT.
Ces derniers ont fait feu à neuf reprises, selon le parquet, l’ont blessé ainsi que sa passagère assise à l’avant, qu’ils ont touchée à la tête. La jeune femme, née en 2001, a succombé le lendemain. L’avocat du suspect, Me Ibrahim Shalabi, avait souligné plus tôt dans la matinée lors d’une conférence de presse que les occupants de la voiture n’étaient pas recherchés et que le véhicule était bloqué par un bus lorsque la police a ouvert le feu.
«La voiture ne pouvait pas circuler», a-t-il assuré. «Il a refusé d’obtempérer par peur d’aller en prison (…) par peur que la police l’arrête car il n’avait pas son permis», a expliqué de son côté Sonia (prénom changé), la sœur du mis en cause, lors de la même conférence de presse.
«Son passé judiciaire ne légitime pas les neuf balles»
La garde à vue des trois policiers ayant fait usage de leur arme a été levée mardi au bout de quarante-huit heures pour «poursuite des investigations» dans le cadre de l’information judiciaire ouverte mardi. Ils ne sont pas mis en examen à ce stade. Plusieurs associations ont appelé à un rassemblement samedi à Paris pour demander l’abrogation de l’article L435-1 du code de la sécurité intérieure qui réglemente l’usage des armes à feu par les forces de l’ordre.
Interrogée sur l’état de santé du conducteur, sa sœur Sonia (prénom modifié) a répondu qu’il était «mal en point, mais son état s’améliore». «C’est vrai que mon frère a eu des problèmes avec la justice, mais ça ne permet pas de justifier les violences qui ont été faites», a poursuivi Sonia devant la presse. «Il a refusé d’obtempérer par peur d’aller en prison (…) par peur que la police l’arrête, car il n’avait pas son permis». «Son passé judiciaire ne légitime pas les neuf balles tirées», a insisté la jeune femme.