Roland-Garros 2023Héroïque, increvable, Wawrinka s’en va par la grande porte
Le Vaudois de 38 ans a été éliminé au 2e tour au bout d’un nouveau thriller de plus de 4 heures 30 contre l’Australien Thanasi Kokkinakis (3-6 7-5 6-3 6-7 6-3).
- par
- Jérémy Santallo Paris
Kev Adams avait raison. On peut aimer ou pas l’humoriste français mais il avait choisi les mots justes, il y a deux jours, en expliquant que Stan Wawrinka était un «monstre» avant tout. Mercredi, dans un stade Simonne-Mathieu en fusion, le champion vaudois a livré un nouveau combat de 4h38 et sauvé quatre balles de match avec un courage insoupçonné. Face à un Thanasi Kokkinakis (ATP 108) au bord de la rupture en fin de rencontre, il a finalement cédé sur la cinquième (3-6 7-5 6-3 6-7 6-3).
Moment d’absence
Trois. C’est le nombre de points que Kokkinakis a marqué pendant un set et demi sur le service adverse. Même sans une première balle efficace - 43% dans la première manche, Wawrinka a pris l’ascendant du fond de court. À 4-3, il a saisi la première ouverture qui s’est présentée et a fait le break sur une double faute de l’Australien pour empocher le set. Quelques minutes plus tard, à 2-2, un chargé de la sécurité a cassé le rythme de Kokkinakis au service en descendant des escaliers. Nouvelle double faute et nouveau break.
C’est simple, pendant 1h10, Wawrinka avait une emprise totale sur les débats. Et puis plus de son, plus d’images. À 4-3 dans le deuxième set, le Lausannois a eu un moment d’absence durant un jeu et commis trois erreurs directes en coup droit, alors qu’il était au service. Le momentum a changé de camp et à 5-6, après avoir sauvé deux balles de set avec brio sur un smash et un coup droit gagnants, le lauréat de 2015 à la Porte d’Auteuil a vu sa volée de coup droit lui rester dans la raquette sur la troisième.
Wawrinka plus positif
La perte de cette deuxième manche a assombri les chances d’accéder au 3e tour pour le plus vieux joueur du tableau principal (38 ans). Parce que la montagne semblait à ce moment-là trop difficile à gravir, après 1h40 de jeu. Deux jours après sa bataille épique de 4h35 face à Albert Ramos-Vinolas, «Stan The Man» a plongé mentalement et physiquement, exactement comme lors du quatrième set contre l’Espagnol lundi. En face, la jauge de confiance de Kokkinakis a alors atteint son paroxysme. L’Aussie ne ratait plus rien.
Mené deux manches à une, et après un bref passage au vestiaire, Wawrinka est revenu avec un état d’esprit plus positif, lui qui admet volontiers basculer trop vite dans le négativisme depuis son retour. Après avoir assuré sa première mise en jeu du 4e set, «Stanimal» n’est pas passé par sa chaise au changement de côté et a fait le tour du filet au pas de course, passant par l’autre extrémité du court. Au bout de ses foulées, il a crié son envie d’en découdre en regardant des fans. On allait assister à un nouveau morceau de bravoure.
Ferveur douchée
Avec ses moyens de l’instant, Wawrinka s’est procuré neuf balles de break dans le 4e set - cinq à 0-0 et quatre à 3-2. Kokkinakis en a effacé cinq grâce à sa première balle surpuissante mais sur les quatre autres, le triple vainqueur en Grand Chelem n’a pas su provoquer son destin (faute en coup droit, attaque de revers le long de la ligne dans le couloir ou timidité excessive à la relance). Bien aidé par le début de tie-break «cata» de Kokkinakis (5-0), il a enfin lâché son bras en revers le long de la ligne pour conclure au filet à 5-3. Le second revers long de ligne, sur balle de set, a été immense. Comme l’ovation des fans dans l’arène du Simonne-Mathieu.
La ferveur populaire a toutefois vite été douchée. Deux doubles fautes et deux fautes en coup droit ont coûté son premier jeu de service de la 5e manche décisive à l’enfant de Saint-Barthélemy. Il s’est effondré sur le deuxième et s’est retrouvé mené 0-4. Mais après avoir «checké» un spectateur du premier rang, il est allé puiser l’énergie nécessaire pour reprendre un break à Kokkinakis. À 2-4, l'Aussie de 27 ans a semblé avoir une crampe à la cuisse droite après un rallye héroïque entre les deux hommes. Mais son corps et ses nerfs ont tenu bon au moment de conclure, à sa cinquième balle de match.