La Suisse à la traîne – Triste record de pédocriminalité en ligne: des policiers désespérés

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La Suisse à la traîneTriste record de pédocriminalité en ligne: des policiers désespérés

Il n'y a jamais eu autant de cas suspects de pédocriminalité sur le net, mais bien des cantons manquent de moyens pour mener des enquêtes pénales sur ces cas.

La Police fédérale n’est plus en charge des enquêtes et les transmet désormais aux cantons, qui n’ont pas les capacités en personnel de les mener.

La Police fédérale n’est plus en charge des enquêtes et les transmet désormais aux cantons, qui n’ont pas les capacités en personnel de les mener.

20min/Matthias Spicher

Toujours plus de pédocriminels présumés, diffusant images et vidéos pédophiles ou participant à des chats en ligne sont dans le collimateur des autorités en Suisse, rapporte la «NZZ am Sonntag» du jour. Des chiffres non publiés jusqu'à présent montrent la forte augmentation de ces cas dans le pays: en 2021, Fedpol a transmis 1399 rapports aux cantons, 1166 en 2020, 693 en 2019, et seulement quelques centaines les années précédentes. On ignore combien de ces cas sont traités par les cantons car Fedpol ne reçoit pas d’information à ce sujet ni ne tient de statistiques. 

Trop peu de personnel

Ce qui ressort de l’enquête du journal, c’est que les petits cantons, en particulier, sont dépassés par les communications, faute de ressources nécessaires: «Certains corps de police cantonaux sont désespérés, déclare une personne bien au fait du dossier, car ils n'arrivent tout simplement pas à traiter les cas signalés.»

Par ailleurs, les cantons sont aujourd'hui plus sollicités qu'auparavant, suite à un changement de système: depuis 2021, la poursuite pénale de la pédocriminalité, qui relevait auparavant de la Fedpol, incombe aux cantons. C’est donc le nouveau réseau Nedik qui doit garantir le partage des connaissances de ces cas entre la Confédération et les cantons, et entre cantons. Mais il est encore trop tôt pour savoir si ce système fonctionne, selon Fedpol.

Mauvaise communication

Pour Regula Bernhard Hug, directrice du bureau de l'association Protection de l'Enfance Suisse, il est «insensé» que le thème de la pédocriminalité sur Internet soit délégué en Suisse au niveau des petits cantons. «Nous sommes fortement sous-dotés au niveau suisse, un nouveau morcellement est donc problématique». Une enquête des directeurs de police indique ainsi que notre pays ne dispose aujourd'hui que de 18 postes à plein temps consacrés principalement à la pédocriminalité.

Parmi d’autres problèmes encore, la lutte efficace contre la cyberpédocriminalité se heurte à l'absence d'une stratégie nationale, comme l’avaient déjà déploré des parlementaires du pays. «Actuellement, il peut arriver que la police zurichoise en sache plus sur un criminel en Belgique grâce à l’échange d’informations Schengen que sur un pédophile dans le canton voisin d’Uri, cela ne vas pas», tonne Andri Silberschmidt (PLR/ZH).  Le Conseil fédéral doit maintenant rédiger un rapport sur le sujet.

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(ewe)

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