«La guerre pour le pouvoir se poursuit, le Soudan s’effondre»

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Au Soudan, officiellement, les combats ont fait 528 morts et 4600 blessés. Mais les corps laissés dans les rues sont inaccessibles et impossibles à recenser. L’ONU s’inquiète du chaos qui règne.

Pillages, destructions et incendies se multiplient au Darfour-Ouest: ces derniers jours, une centaine de personnes ont été tuées dans des combats qui ont ravagé son chef-lieu, El-Geneina.

Pillages, destructions et incendies se multiplient au Darfour-Ouest: ces derniers jours, une centaine de personnes ont été tuées dans des combats qui ont ravagé son chef-lieu, El-Geneina.

AFP

Raids aériens et tirs nourris à Khartoum, des dizaines de milliers de personnes fuyant la guerre: le Soudan «s’effondre», s’est alarmé le chef de l’ONU, au moment où les combats sont entrés dans leur troisième semaine. Le pays est plongé dans le chaos depuis le déclenchement, le 15 avril, d’une lutte de pouvoir sanglante entre le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhane, et son No2, Mohamed Hamdane Daglo, dit «Hemedti», à la tête des redoutées Forces de soutien rapide.

Les combats ont fait au moins 528 morts et 4599 blessés, selon le Ministère de la santé, un bilan encore très sous-estimé, tant les corps qui jonchent les rues sont inaccessibles et donc impossibles à recenser. Des dizaines de milliers de Soudanais mais aussi d’étrangers ou de réfugiés installés au Soudan ont fui vers l’Égypte, l’Éthiopie, le Tchad ou le Soudan du Sud, tandis que plusieurs capitales étrangères continuent d’évacuer des centaines de leurs ressortissants.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déploré que «la guerre pour le pouvoir se poursuive, alors que le pays s’effondre». Chaque camp s’accuse de violer la trêve prolongée, sous médiation internationale, jusqu’à dimanche minuit.

Sept hôpitaux sur dix hors service

Les civils tentent de fuir ou de survivre, barricadés, sans électricité, eau, ni nourriture. «Il y a des affrontements à l’arme lourde et à la mitrailleuse», raconte un habitant de Khartoum, tandis qu’un autre témoin rapporte «des explosions et des tirs» ailleurs dans la capitale. Environ 70% des hôpitaux dans les zones de combats sont hors service, selon le syndicat des médecins.

Pour l’émissaire de l’ONU au Soudan, Volker Perthes, si les tensions étaient palpables, il n’y avait «aucun signe» que les combats éclateraient le 15 avril car, a-t-il dit à Al-Jazeera, les deux généraux rivaux devaient se rencontrer pour discuter ce jour-là.

«Si le Soudan devait atteindre le stade de la guerre civile proprement dite, ce serait un cauchemar pour le monde.»

Abdallah Hamdok, ancien Premier ministre du Soudan

Si les armes ne se sont pas tues depuis lors, Salva Kiir, le président du Soudan du Sud – médiateur historique au Soudan – a appelé, samedi, les deux généraux à «un dialogue face à face constructif et concret».

Il les a aussi exhortés à «ne pas tenter de renforcer des positions», alors que de nombreux observateurs estiment qu’aucune trêve n’a tenu parce que les deux belligérants ne veulent pas laisser une chance à l’autre d’avancer ou de se ménager des renforts. «Dieu nous préserve si le Soudan devait atteindre le stade de la guerre civile proprement dite, ce serait un cauchemar pour le monde», a mis en garde l’ancien Premier ministre du Soudan Abdallah Hamdok, samedi, à Nairobi.

Couloirs d’évacuation encore ouverts

Selon l’ONU, 75’000 personnes ont été déplacées par les combats, particulièrement violents au Darfour, région déchirée par une guerre dans les années 2000. Si la trêve n’arrête pas les combats, elle permet aux couloirs d’évacuation de rester ouverts. Un convoi organisé par les États-Unis a ainsi permis l’évacuation de ressortissants américains et d’autres pays vers Port-Soudan. Parti de là, un nouveau bateau transportant environ 1900 évacués est arrivé en Arabie saoudite, qui a accueilli jusqu’ici près de 5000 ressortissants saoudiens et étrangers.

Parmi eux, Merhdad Malekzadh, qui fait partie des premiers Iraniens évacués samedi, décrit des bombardements et des explosions au quotidien à Khartoum. «On n’aurait jamais imaginé que la situation se tendrait autant».

«La société s’effondre»

L’ONU estime que des millions de personnes supplémentaires pourraient sombrer dans la faim, alors qu’un tiers des 45 millions de Soudanais en souffraient déjà dans le pays, l’un des plus pauvres au monde. Pillages, destructions et incendies se multiplient au Darfour-Ouest, y compris dans des camps de déplacés, rapporte Médecins sans frontières. L’ONG a dû y «arrêter la quasi-totalité» de ses «activités». Ces derniers jours, une centaine de personnes ont été tuées dans des combats qui ont ravagé son chef-lieu El-Geneina, selon l’ONU. «La société s’effondre, nous voyons des tribus qui essaient désormais de s’armer», a déploré Antonio Guterres.

(AFP)

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