FootballLes cinq points à retenir de la saison de Super League
Le rideau est tombé sur la saison 2022-23 lundi. Les enseignements de cette dernière édition à dix clubs.
- par
- Valentin Schnorhk
Dix mois après son début, la Super League 2022-23 s’est refermée lundi, figeant définitivement son classement. Si on sait depuis longtemps que Young Boys est le champion, il reste encore à déterminer s’il y aura un relégué, le FC Sion devant jouer sa place dans l’élite lors d’un barrage (samedi 3 et mardi 6 juin) contre Stade Lausanne Ouchy. Qu’importe: il y a des leçons à tirer de cette dernière saison à dix équipes.
Young Boys est un champion par défaut
Il faut saluer Young Boys pour sa régularité et sa domination. Les Bernois ont récupéré leur tire de champion de Suisse, parce qu’ils ont été meilleurs que les autres. Bien meilleurs. Relativement à la concurrence, YB a été intouchable. Dans tous les indicateurs statistiques (Expected Goals créés, Expected Goals concédés, possession, intensité), l’équipe de Raphaël Wicky a fait bien mieux que ses adversaires et c’est assez logiquement que personne n’a jamais été à même de lui contester son titre.
Sauf que, dans l’absolu, avec 74 points, Young Boys a réalisé le moins bon total d’un champion de Suisse depuis les 72 points de Bâle lors de la saison 2013-14. De quoi relativiser sa performance d’ensemble. Autre facteur: le deuxième de Super League, en l’occurrence Servette, propose une moyenne de seulement 1,61 point par match. À l’exception de Bâle en 2021, c’est aussi un total qui n’a jamais été aussi faible depuis plus de dix ans. Autant dire que la concurrence n’a jamais été en mesure de faire trembler YB.
Dans la production globale, Young Boys a bien sûr mieux maîtrisé son sujet que tout le monde. Surtout, son plan de jeu basé sur la domination notamment physique de l’adversaire a pu être mené à bien la plupart du temps, aussi parce que le club de la capitale a disposé d’un contingent supérieur aux autres en qualité et en quantité. Mais à l’intérieur des matches, tout n’a pas toujours été contrôlé, avec notamment des failles défensives qui ont parfois été exposées au grand jour. Mais cette fois, YB a eu la chance de ne pas tomber sur un nouveau Zurich 2022.
La cohérence et la stabilité font la meilleure des recettes
Chacun à leur étage, ce sont les clubs qui ont cherché à être cohérents et stables dans leur politique de club qui s’en sont les mieux tirés. Servette, Lugano, Lucerne ou encore Winterthour ont tous réussi leur saison parce qu’ils savaient ce qu’ils voulaient faire, comment ils voulaient le faire et avec qui ils entendaient le faire. Autrement dit, en ne bouleversant pas leur effectif, en se fiant à l’entraîneur qui leur allait le mieux au moment présent et, surtout, en tenant leur ligne du début à la fin de la saison.
Ainsi, les cinq années d’Alain Geiger ont permis aux Grenat d’aboutir à la deuxième place de Super League. À Lugano, Mattia Croci-Torti est à nouveau parvenu à animer une équipe qui n’avait pas tant bougé pour la hisser sur le podium et en finale de la Coupe de Suisse (où elle aura un titre à défendre dimanche). Quant à Mario Frick, il est sans doute l’un de ceux que l’on peut mentionner comme le meilleur entraîneur de la saison, lui qui a trouvé beaucoup de solutions à Lucerne, notamment en faisant confiance aux jeunes. Enfin, promis à la relégation immédiate, Winterthour s’est maintenu parce que Bruno Berner a toujours approché les rencontres en étant conscient de la faiblesse théorique de son équipe, mais en misant sur la discipline collective.
À l’inverse, Bâle a certes accroché l’Europe à la dernière journée, mais l’instabilité de son contingent, dans lequel il y avait peu de joueurs dans la force de l’âge, a rendu le puzzle difficile à assembler. Quant à Sion, il a une nouvelle fois été l’exemple de tout ce qu’il ne fallait pas faire, notamment parce que son recrutement de Mario Balotelli a été un fiasco intégral et a contribué à réduire à néant la base collective qu’il avait commencé à construire. Les quatre changements d’entraîneurs au fil de la saison et le recrutement d’éléments dépassés n’ont fait qu’empirer une situation qui n’a jamais cessé de s’enliser. Le club valaisan peut se réjouir que, cette saison, la 10e place ne soit pas synonyme de relégation directe.
Les jeunes se sont éclatés
La Super League est une plateforme. Une belle vitrine. Certains clubs, comme Bâle, ont pris le parti d’en profiter au maximum, en espérant faire une plus-value sur des jeunes joueurs talentueux. Avec l’aide de la Coupe d’Europe, cela semble pouvoir fonctionner cette saison. Mais, plus globalement, c’est toute la Super League qui a compris l’intérêt (sportif et économique) de faire jouer ses jeunes talents. Et ils le lui ont bien rendu.
Fabian Rieder (21 ans) à Young Boys, Ardon Jashari (20 ans) à Lucerne, Zeki Amdouni (22 ans) et Andy Diouf (20 ans) à Bâle: autant de joueurs qui ont brillé cette saison et qui sont appelés à décoller pour l’étranger. La Bundesliga fait les yeux doux à Rieder, Amdouni ou Diouf. Jashari suscite aussi l’intérêt un peu partout (l’Atalanta Bergame le suit de très près).
À eux quatre, il pourrait y avoir pas loin de 40 millions de francs qui rentreront dans les caisses des clubs suisses. Il faudra bien sûr les remplacer, mais le travail est de mieux en mieux fait. Et une nouvelle génération est aussi appelée à éclore. Sans oublier que l’Euro M21 qui aura lieu cet été peut aussi rendre attractifs d’autres profils évoluant en Super League. Le chemin emprunté est le bon.
Jamais les stades n’ont été autant garnis
Record d’affluence. 2’370’901 personnes se sont déplacées dans les stades de Super League cette saison. La moyenne: 13’172 spectateurs par rencontre. Près de 1000 de plus que la précédente marque, laquelle date de la saison 2011-12. De quoi s’en réjouir.
Parce qu’à peu près tous les clubs arrivent à fidéliser un public plus large, même si Lugano (où les travaux du nouveau stade doivent commencer cet été) reste à la traîne. En revanche, Servette, Saint-Gall, voire Sion (surtout en début de saison) font partie de ceux qui sont parvenus à mieux remplir leurs gradins et agrandir leur base populaire.
Le succès ponctuel y fait pour beaucoup, mais le football suisse avance aussi à ce niveau-là. Le défi, c’est de s’y maintenir.
L’arbitrage fait (trop) débat
On ne compte plus les histoires, les débats, les incompréhensions. Et donc les polémiques. À tort ou à raison, l’arbitrage helvétique ne s’est pas sorti grandi de cette saison. Surtout, l’utilisation de la VAR suscite toujours plus le ras-le-bol. Parce qu’il devient parfois difficile de la lire, au point de contraindre certains arbitres à changer radicalement de décision sur la base de détails pas toujours évidents.
Pourtant, lors de son introduction en 2019, il avait été clairement annoncé que seules les erreurs manifestes feraient l’objet d’une intervention. Or, aujourd’hui, reste le sentiment que tout est sujet à un changement de décision. Et les arbitres sont plus que jamais dans l’œil du cyclone.
Comment inverser la donne? Seules la transparence et la communication semblent pouvoir le permettre. La saison prochaine, il faudra que les arbitres parlent plus, ou qu’ils publicisent d’une manière ou d’une autre leurs échanges pendant les matches.