FootballLa faillite suisse est collective
Aussi bien incarnée par un Murat Yakin presque apathique que par des leaders incapables de donner de la personnalité à cette équipe, la Suisse a logiquement concédé le nul 1-1 contre Israël mercredi.
On peut se faire avoir dans les dernières minutes une fois, mais pas deux. Bon, on peut se faire avoir deux fois dans les dernières minutes, mais pas trois. En fait si, on peut se faire avoir trois fois. L’équipe de Suisse est là pour nous le démontrer: après la Roumanie (2-2) en juin et le Kosovo (2-2) en septembre, c’est désormais Israël qui a arraché un point en fin de match (1-1) mercredi.
Le tout, sans oublier la déroute contre la Biélorussie (3-3) le mois dernier. Sur les cinq derniers matchs, la Suisse n’en a remporté qu’un seul, et cela était contre Andorre. De quoi signifier ce qui ressemble à un délitement.
Les trois enseignements
On avait beau se dire que cette fois, elle saurait conclure, mais l’équipe de Suisse n’est toujours pas qualifiée pour l’Euro 2024 après huit matches de qualification. Elle n’en a gagné que la moitié, pour quatre nuls. Un bilan toujours moins défendable, surtout après une deuxième mi-temps complètement ratée contre Israël mercredi.
Symbole d’une période peu glorieuse, Murat Yakin semble de plus en plus détaché de ce que son équipe produit. L’attitude du sélectionneur, très passive, le regard si souvent hagard, laisse penser à un détachement.
Il ne faut pas non plus ôter la responsabilité de ceux qui sont sur le terrain. Les leaders de l’équipe de Suisse semblent incapables de prendre en main les choses et, surtout, de contrôler le match là où leur expérience devrait le permettre. La faillite est collective.
Le meilleur Suisse: Ruben Vargas
Il aura été l’homme le plus dangereux côté suisse. Ruben Vargas a eu une grosse occasion avant d’ouvrir le score à la 36e minute. Surtout, il a été le joueur qui faisait peser une menace sur la défense israélienne, de par son activité constante.
Souvent touché sur son aile gauche, il a également pu parfois combiner avec Noah Okafor plus facilement que Zeki Amdouni depuis l’aile droite. Cela l’a aidé. Même s’il a été beaucoup moins en vue en seconde période.
Le moins bon Suisse: Cedric Zesiger
Le Seelandais fêtait sa troisième sélection face à Israël. Il n’était pas forcément prévu que Cedric Zesiger joue. Mais puisque Nico Elvedi avait eu une alerte musculaire mardi à l’entraînement et que Fabian Schär ressentait également des douleurs, Murat Yakin a choisi de l’aligner.
Après une première mi-temps correcte, où il a tout de même été à l’origine du but suisse en trouvant Xhaka dans le cœur du jeu, le défenseur de Wolfsburg a perdu le fil après la pause. Notamment après s’être fait enrhumé par Turgeman sur l’action où Khalaili a touché la barre. Aussi en faisant main sur un penalty que la VAR a choisi d’ignorer.
Bref, en perte totale de repères, Zesiger est sorti sans gloire de ce match.
La décla’
Le fait tactique: le manque de contrôle suisse
Tout cela n’aurait jamais dû arriver. Ce jeudi matin, la Suisse aurait dû être en Allemagne. Parce qu’elle peut cesser de dominer un match qu’elle mène. Mais alors elle ne doit pas pouvoir se prendre ce but qui retarde encore plus l’échéance.
Comment l’expliquer? «Peut-être qu’avec le déficit de confiance que l’on a actuellement, on a tendance à toujours en vouloir plus, à toujours vouloir appuyer alors qu’il suffit parfois d’être plus calme», suggère Vincent Cavin, l’assistant de Murat Yakin.
Ce qui se voit, c’est surtout une Suisse qui n’est jamais ou presque en contrôle. Elle reste toujours fragile. Notamment lorsqu’elle a le ballon: la perte de balle incarne une possibilité pour l’adversaire de démarrer une action. Autrement dit, le pressing à la perte est moyen, mais surtout le positionnement des uns et des autres en possession est trop ouvert, ce qui facilite les premières passes adverses.
Sans ballon, aussi, la Suisse paye un manque de rigueur. Son pressing, volontairement déséquilibré, puisqu’il impose au latéral droit de sortir sur le latéral gauche, a régulièrement été battu mercredi à Felcsut. Tout n’est pas que mental.
La statistique
38%, comme la possession de balle de l’équipe de Suisse en deuxième période. Elle est le signe de cette équipe qui a perdu tout contrôle, alors que le jeu avec ballon devrait être son point fort. Incapable de maîtriser la rencontre, elle l’a engagé dans une configuration qui l’exposait. Et elle a fini par le payer cher.
Une question pour penser l’avenir
Y a-t-il encore des arguments qui plaident pour le maintien de Murat Yakin à la tête de l’équipe de Suisse au-delà de cette année?