US Open: Jusqu’où peut aller le sensationnel Dominic Stricker?

L’échelle est haute, mais il grimpe, Dominic Stricker, qui joue sur un nuage depuis qu’il a débarqué à New York. Mais jusqu’où peut-il aller dans cet US Open où il donne l’impression que rien ne peut lui arriver? Avec cette insouciance, voire un zeste d’insolence, le double champion junior de Roland Garros de 2020 (en simple et en double) avance dans le tournoi avec l’assurance d’un vieux briscard, lui qui n’a que 21 ans.

Révélé aux yeux du monde en éliminant Stefanos Tsitsipas, mercredi dernier, épatant d’abnégation vendredi face au Français Benjamin Bonzi, le Bernois va devoir encore une fois se surpasser pour franchir l’écueil des 8es de finale, ce dimanche face à Taylor Fritz, devant un public qui sera cette fois-ci dans le dos de l’Américain. En est-il capable?

Claudio Mezzadri, ex-joueur pro, vainqueur du Geneva Open en 1987: «C’est fantastique ce qu’il a fait jusqu’ici, mais c’est le résultat d’un travail de sape de la Fédération, de beaucoup de monde derrière lui, qui croit en lui depuis ses débuts et qui porte ses fruits aujourd’hui. Depuis deux à trois ans que je le suis vraiment, on a vu qu’il avait, outre de nombreuses qualités et du talent, une grosse personnalité. Il joue bien dans les moments importants, à commencer par les tie-breaks où il faut du courage. Dominic cherche constamment le point, c’est quelque chose de très important, qui ne s’apprend pas. On voit qu’il arrive à sortir des résultats fantastiques après être pourtant passé proche de l’élimination au 2e tour des qualification, en sauvant une balle de match. Mais c’est aussi ainsi que ça fonctionne dans le tennis et il l’a bien compris. La compétition est tellement relevée que c’est toujours une bataille et, je le répète, il s’en est sorti merveilleusement bien avec beaucoup de personnalité, surtout contre Tsitsipas. Mentalement ce n’était pas facile et au 5e set il a vraiment été époustouflant en allant chercher des points et ce match en frappant fort, sans jamais trembler. Même lors du dernier jeu à 0-30, il s’en sort en laissant derrière lui une belle démonstration de force. À son jeune âge, ce premier gros résultat dans un tel tournoi est de bon augure pour le futur et ce n’est pas fini.

Ce dimanche, il va affronter le public de Flushing avec un Américain en face de lui. Dominic vient de remporter six matches de suite, c’est énorme et j’espère qu’il va tenir le choc physiquement et mentalement. C’est la première fois de sa vie qu’il va vivre ça, il n’est pas habitué à enchaîner trois matches au meilleur des cinq sets, dont deux au 5e. Maintenant, s’il garde la même fraîcheur qu’on a vue chez lui jusqu’ici, qu’il rentre sur le terrain avec la même énergie, les batteries rechargées, il peut même gagner, il n’a rien à perdre, plus rien à prouver à qui que ce soit. Il est allé au-delà de tout ce qu’on pouvait lui demander. Si Fritz reste favori, il a un type de jeu que Stricker apprécie. Face à ce grand frappeur, qui cherche le point en coup droit assez rapidement, Stricker, qui aime ça, peut bien s’en sortir. Il a peut-être un visage de poupon, mais sur le court, il a vraiment beaucoup de personnalité.»

Christiane Jolissaint, vice-présidente de Swiss Tennis: «Il est vraiment incroyable ce gamin! Quand on l’observe, on dirait qu’il a pris de la distance avec la situation qu’il vit et qu’il a une énorme expérience, avec cette impression que rien ne lui fait peur: étonnant et impressionnant. Il a un excellent service, un très bon coup droit et pas de grosses faiblesses. Je dirais qu’il a un jeu complet, hyperpuissant mais ce qui me fascine le plus chez lui, c’est sa tête, il est vraiment solide. Il y va, même dans des moments compliqués dans un match, il ne tremble pas. Avec lui, ce sont plutôt ses adversaires qui deviennent fébriles quand ils doivent finir le match, on l’a vu avec Tsitsipas. En passant par les qualifications, il a joué six matches jusqu’à maintenant et il semble solide physiquement.

En affrontant un Américain à New York, ça va être encore un challenge supplémentaire pour lui. Mais une fois de plus, je ne sais pas si cela va le perturber. J’ai l’impression qu’il est distant de tout ça. À voir si ça va l’énerver, le perturber ou le déstabiliser. Mais j’ai envie de dire «Même pas peur!»