Présidentielle françaiseValérie Pécresse en perdition après un meeting raté
Contrainte au grand écart entre les ailes droitière et modérée de son parti, la candidate LR apparaissait encore fragilisée lundi, au lendemain d’un premier grand meeting très critiqué.
Cela devait être le grand meeting de la relance, pour permettre à Valérie Pécresse de distancer ses adversaires d’extrême droite et de se positionner pour le second tour face à Emmanuel Macron. Mais le discours de la représentante LR, devant quelque 7000 personnes est loin d’avoir convaincu.
Sur la forme, le discours de la présidente de la région parisienne n’a pas convaincu, y compris au sein de son propre camp. Peu à l’aise en public, Valérie Pécresse a en effet déroulé son discours d’un ton forcé. Sur le fond, la candidate a été vivement interpellée pour avoir évoqué le «grand remplacement». Cette théorie complotiste selon laquelle les élites organiseraient le remplacement des populations européennes par des immigrés extra-européens, est l’un des piliers de la campagne d’Éric Zemmour, qui talonne Pécresse dans les sondages.
La gauche a fustigé l’utilisation de ce concept par Valérie Pécresse, qui a estimé dimanche qu’il n’y a «pas de fatalité, ni au grand déclassement, ni au grand remplacement». «C’est un Rubicon de plus qui est franchi par la droite» a estimé la candidate socialiste Anne Hidalgo, tandis que le patron du PS Olivier Faure se disait «sidéré». L’association SOS Racisme a elle dénoncé des propos «pas dignes d’une prétendante majeure à la présidence de la République» et le quotidien de gauche «Libération» évoquait «la panique morale d’une droite qui ne sait plus où elle habite».
Valérie Pécresse s’est défendue lundi matin, assurant que tout le monde lui faisait dire «le contraire» de ce qu’elle avait voulu dire et insistant: «Je ne me résigne pas, justement, aux théories d’Éric Zemmour et aux théories de l’extrême droite, parce que je sais qu’une autre voie est possible», a-t-elle affirmé sur la radio RTL.
Lors de son meeting dimanche, Valérie Pécresse a tenu un discours très ferme sur la sécurité et l’immigration, évoquant à de nombreuses reprises «l’ordre» et fustigeant des «zones de non France». Pour le politologue Jérôme Jaffré, la candidate du parti Les Républicains (LR) «est prise en tenaille» entre ses deux puissants rivaux d’extrême droite, Marine Le Pen et Éric Zemmour.
La candidate LR est en effet durement attaquée par Zemmour, qui a estimé samedi qu’elle n’était «pas de droite». Dans le même temps, elle a subi plusieurs défections vers Emmanuel Macron la semaine dernière et doit stopper les départs des «modérés» vers le camp du président sortant. Lundi, Valérie Pécresse a reconnu qu’elle était «plus à l’aise dans le dialogue direct avec les Français» et a défendu son programme «extrêmement construit, extrêmement solide», mais que «personne ne regarde».
Sarkozy très discret
Autre difficulté pour la candidate de la droite républicaine, l’ancien président de droite Nicolas Sarkozy ne lui a toujours pas apporté son soutien officiel et n’était pas présent à son meeting.
Alors qu’elle avait bénéficié d’une dynamique après son élection à la primaire de la droite en décembre, Pécresse fait jeu égal autour de 15% avec Le Pen, suivies à un demi point derrière par Zemmour. Le président sortant Emmanuel Macron, toujours pas officiellement candidat, reste largement en tête des intentions de vote avec 24% au premier tour.
Pour Jérôme Jaffré, «c’est l’avenir d’une famille politique qui se joue». Car si Pécresse est éliminée dès le premier tour, «c’est l’explosion des Républicains et le dépeçage des Républicains qui s’organise», a-t-il dit sur la radio Europe 1.