Argentine: 12 ans de prison et une inéligibilité à vie requis contre Cristina Kirchner

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Argentine12 ans de prison et une inéligibilité à vie requis contre Cristina Kirchner

Cristina Kirchner est jugée à Buenos Aires dans un procès pour corruption, l’une des multiples procédures en cours contre l’ancienne cheffe de l’État

La vice-présidente argentine Cristina Kirchner, à Buenos Aires, le 20 août 2015.

La vice-présidente argentine Cristina Kirchner, à Buenos Aires, le 20 août 2015.

AFP

Douze ans de prison, ainsi qu’une inéligibilité à vie, ont été requis lundi à Buenos Aires dans un procès pour corruption contre la vice-présidente et argentine Cristina Kirchner, figure de la gauche péroniste, ouvrant une hypothèque sur son avenir politique, à un peu plus d’un an d’élections générales.

L’ex-cheffe de l’État (de 2007 à 2015) Cristina Kirchner, 69 ans, était jugée dans ce procès en distanciel -et en son absence -, pour association illicite et administration frauduleuse aggravées, une affaire d’attribution de marchés publics dans son fief de la province de Santa Cruz, en Patagonie (sud), durant ses deux mandats présidentiels.

Vice-présidente et présidente du Sénat depuis 2019, elle bénéficie à ce stade d’une immunité parlementaire, que seule la Cour suprême pourrait lever si elle venait à confirmer une éventuelle condamnation. Faute de quoi elle pourrait se présenter aux élections législatives et présidentielle de fin 2023, même si elle n’a à ce jour pas laissé filtrer ses intentions.

Après les réquisitions viendront début septembre les plaidoiries de la défense, dans cette procédure ouverte en 2019, mais qui avait été suspendue en raison de la pandémie de Covid-19. Elles devraient s’étirer sur plusieurs mois et le jugement n’être rendu que vers la fin 2022.

Des rassemblements spontanés de plusieurs centaines d'opposants et de partisans de la responsable politique se sont produits lundi soir aux abords de son domicile à Buenos Aires, produisant des bousculades et poussant un épais cordon policier à faire usage de sprays lacrymogènes, a constaté l'AFP.

«Irrégularités systématiques»

Le procureur Diego Luciani a lundi «dénoncé un authentique système de corruption institutionnel», «probablement la plus grande opération de corruption qu’ait connue le pays». L’autre représentant du ministère public, Sergio Mola, a évoqué «des irrégularités systématiques dans 51 appels d’offres sur 12 ans».

Des peines de deux à douze ans de prison ont été requises contre les 12 co-accusés, notamment 12 ans contre un entrepreneur du bâtiment, Lorenzo Baez, déjà condamné l’an dernier à 12 ans de prison dans une affaire distincte d’évasion de capitaux vers des paradis fiscaux. L’accusation a estimé les dommages causés à l’État à 5,2 milliards de pesos (38 millions de dollars au change officiel).

À maintes reprises, Cristina Kirchner, qui nie les faits reprochés, a dénoncé une persécution politique de la part d’une justice selon elle instrumentalisée par l’opposition de droite. Opposition et gouvernement en Argentine se renvoient régulièrement l’accusation de «guerre judiciaire» et d’instrumentalisation de la justice.

Dans un tweet lundi soir, Cristina Kirchner a accusé les procureurs d’avoir «bâti leur accusation sur des questions qui n’avaient jamais été soulevées» dans l’acte initial. Elle a dénoncé un «peloton d’exécution médiatico-judiciaire», auquel elle a dit qu’elle répondrait sur le fond mardi à travers les réseaux sociaux, après s’être vue refuser lundi le droit à une déposition additionnelle, «violation des principes de défense».

Le président à la rescousse

Le président Alberto Fernandez (centre gauche) a dans un communiqué condamné la «persécution juridique et médiatique contre la vice-présidente», et estimé «qu’aucun des actes imputés (…) n’a été prouvé».

Clivante, mais toujours populaire et icône de la gauche, Cristina Kirchner a été mise en cause ces dernières années dans une dizaine de procédures distinctes, entre pots-de-vin, blanchiment de fonds, préjudice spéculatif occasionné à l’État ou entrave à la justice. Elle a bénéficié de non-lieux, deux encore fin 2021, mais cinq procédures restent en cours.

La probabilité d’une condamnation de Cristina Kirchner a donné lieu ces derniers jours à des appels à la mobilisation émanant de politiciens et mouvements péronistes, dont elle demeure l’idole. Ces appels pourraient annoncer des manifestations tendues, en plus de celles qui chaque semaine à Buenos Aires se tiennent contre le coût de la vie et l’inflation (71% sur un an).

La semaine dernière, une figure emblématique, quoique controversée, la co-fondatrice du mouvement des Mères (des disparus) de la Place de Mai, Hebe de Bonafini, avait appelé a un «soulèvement populaire» en soutien à la vice-présidente.

En parallèle, une pétition signée par plus de 500 maires ont dénoncé un procès visant à «bannir» Cristina Kirchner de la politique d’Argentine, où elle reste un poids lourd à gauche, et un acteur incontournable en vue des élections générales de 2023.

(AFP)

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