Jura bernoisMenacée d’expulsion après avoir vécu l’horreur
Le procès de leurs bourreaux sera-t-il réparateur pour quatre épouses maltraitées par un clan balkanais pendant seize ans? Pas sûr.
- par
- Vincent Donzé
Être conduite illégalement en Suisse pour y subir des sévices pendant 16 ans et se retrouver menacée d’expulsion, telle est le sort d’une esclave balkanaise, selon «Blick». À l’âge de 14 ans, cette femme a été vendue 300 euros à son époux établi dans le Jura bernois. Retardée par la procédure judiciaire dirigée contre ses bourreaux, son expulsion reviendra sur le tapis après un jugement définitif.
Alors que le procès de cinq bourreaux s’ouvrira lundi devant le Tribunal régional Jura bernois/Seeland à Moutier, «Blick» révèle la menace qui pèse sur une des quatre femmes détenues comme des esclaves par un clan familial.
Humiliées, isolées, violées
Sans contact régulier avec leurs familles, les quatre épouses mariées de force étaient rarement autorisées à sortir seules. Dès 2003, le père qui sera jugé aurait fait venir des femmes de 14 à 17 ans pour ses quatre fils, parfois illégalement.
Les quatre victimes n’ont pas été déclarées correctement aux autorités: les maris n’ont pas demandé de permis B. Séquestrée, la femme menacée d’expulsion n’a pas pu effectuer de démarches pour régulariser sa situation.
Les victimes étaient régulièrement battues, humiliées, menacées, isolées et violées, selon l’acte d’accusation. Comme elles ont tourné le dos au clan familial, elles passent pour des traîtresses dans son pays d’origine. L’épouse menacée d’expulsion n’a pas le droit de travailler et ne reçoit plus d’aide sociale en raison de la menace d’expulsion. Comme les trois autres épouses, elle survit avec le minimum vital accordé que constitue une aide d’urgence.
Selon le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) consulté par «Blick», «toute personne menacée de persécution dans son pays peut déposer une demande d’asile en Suisse» en évoquant la traite d’êtres humains. Les instruments de protection des victimes disponibles dans le pays de retour sont alors examinés.