Hockey sur glaceCommentaire: Cette finale de champions ne mérite pas de perdants
Genève-Servette et Bienne se livrent un duel de haut vol en finale. Les deux meilleures équipes du pays, si proches l’une de l’autre depuis le mois de septembre, sont dos à dos (2-2 dans la série) avant le cinquième acte, ce samedi aux Vernets (20 heures).
- par
- Cyrill Pasche
Quelle finale! Quelle intensité! Et surtout quel suspense! Tous les deux jours, nos certitudes sont balayées d’un seul coup de canne. Genève-Servette gagne un match et se profile instantanément comme le futur champion. Puis les rôles s’inversent: le HC Bienne paraît d’un seul coup irrésistible. Et vice versa. Peut-être bien que tout ceci se poursuivra jusqu’à un septième et dernier duel.
C’est là toute la beauté des play-off. Rien n’est jamais certain, tout peut basculer d’un seul coup. Ce qui frappe le plus, c’est la décontraction avec laquelle ces joueurs traversent cette finale inédite et historique. Eux sont exclusivement dans le moment présent, pendant que nous autres ne cessons de nous projeter: les joueurs tournent la page aussi rapidement après une victoire qu’après une défaite, tandis que nous ne cessons de ressasser, d’analyser, de nous tourmenter et d’interpréter les événements qui viennent de se produire.
Et peut-être bien parce que cette finale «la plus à l’ouest de la Suisse de tous les temps» concerne pour la première fois deux équipes de notre coin de pays, deux formations incroyablement proches l’une de l’autre, avec des personnages attachants qui nous accompagnent tout au long de la saison, souvent depuis plusieurs années déjà, il est difficile de s’imaginer qu’il y aura un perdant et beaucoup de déçus dans quelques jours. Ce samedi soir, après l’acte V, Genève ou Bienne aura déjà effectué un pas de géant en direction du titre national.
Deux équipes au parcours inspirant
Tant de joueurs, entraîneurs et membres des deux staffs méritent pourtant de soulever cette coupe. On pense bien sûr en premier lieu à Antti Törmänen, qui lutte contre la maladie (cancer) et dont la résilience doit servir d’inspiration, peu importe dans quel camp on se trouve. À Noah Rod et Gaëtan Haas, les deux valeureux capitaines qui incarnent si bien leur club, leur ville et toute leur organisation.
À Aurélien «Jimmy» Omer, le légendaire chef matériel des Aigles en poste depuis 20 ans aux Vernets, à Beat Forster, ce monument aux six titres de champion de Suisse, qui rejoindrait les joueurs les plus décorés de l’histoire du hockey suisse avec un septième sacre. Au directeur sportif visionnaire Martin Steinegger, en poste depuis 2012, qui est parti de presque rien pour bâtir, pas à pas, une équipe enthousiasmante capable de briguer un titre national.
À l’ex capitaine du LHC, Etienne Froidevaux, qui mettra un terme à sa carrière à l’issue des play-off pour devenir enseignant, ou au fantastique Henrik Tömmernes, qui repartira en Suède après six campagnes mémorables avec les Aigles. Et bien sûr aussi à tous ces joueurs qui patinent dans cette ligue depuis si longtemps et qui mériteraient tant de remporter, enfin, leur premier championnat: Arnaud Jacquemet, Toni Rajala, Robert Mayer, Vincent Praplan, Damien Brunner, Marc-Antoine Pouliot, pour n’en citer que quelques-uns…
Cette finale de haut vol, décidément, ne mérite aucun perdant. En attendant le dénouement inévitable, d’ici quelques jours, profitons encore quelques instants du parcours inspirant de ces deux équipes de champions: Genève 2, Bienne 2. Puck au centre.