BudgetLe déficit des États-Unis grimpe, à un an de la présidentielle
Le déficit budgétaire des États-Unis a atteint 1695 milliards de dollars en 2023, soit 320 milliards de plus qu’en 2022. Une mauvaise nouvelle pour Joe Biden.
Le déficit budgétaire des États-Unis s’est accru de 23% en 2023 par rapport à 2022, en raison notamment d’une baisse des impôts versés tant par les ménages que par les entreprises, compliquant la tâche de Joe Biden à un an de l’élection présidentielle.
Le déficit a atteint 1695 milliards de dollars (1510 milliards de francs) au cours de l’exercice fiscal 2023, clos le 30 septembre, a annoncé vendredi le département du Trésor. Cela représente 320 milliards de plus qu’en 2022. Les dépenses de l’État fédéral ont certes reculé de 2,0% l’an passé.
Mais les recettes ont baissé encore plus fort, plongeant de 9,0%. En cause notamment: les recettes issues des impôts versés non seulement par les entreprises, mais surtout par les ménages, de loin la première ressource de l’État fédéral. Côté dépenses, l’État fédéral a pâti en 2023 de la hausse des taux d’intérêt: sa dette lui a coûté bien plus cher que l’année précédente. Ce sont ainsi 879 milliards de dollars d’intérêts qui ont été déboursés, soit 162 milliards de dollars de plus qu’en 2022.
6,3% du PIB
La baisse des revenus liés aux impôts souligne «l’importance des politiques adoptées ou proposées par le président Biden pour réformer le système fiscal», a déclaré l’administration démocrate dans un communiqué. Joe Biden est partisan de faire payer plus d’impôts aux Américains les plus riches et aux grandes entreprises, mais ces mesures se heurtent majoritairement au refus de l’opposition républicaine.
«Le plan économique du président Biden construit une économie qui fait croître la classe moyenne, tout en réduisant le déficit en veillant à ce que les riches et les grandes entreprises paient leur juste part», a assuré la directrice du Bureau du budget de la Maison-Blanche (OMB), Shalanda Young, dans ce communiqué. Face à la baisse des revenus issus de l’impôt, l’administration Biden a aussi pointé du doigt la responsabilité de la réforme fiscale de Donald Trump de 2017.
Ces recettes sont revenues «à des niveaux bas en 2023, conformes aux projections faites après l’adoption de la loi de 2017», une baisse qui «a été le principal moteur de l’accroissement du déficit en proportion du PIB». Le déficit représente en effet 6,3% du produit intérieur brut (PIB), contre 5,4% l’an passé. L’ancien président républicain est à ce jour considéré comme le principal concurrent du démocrate Joe Biden pour l’élection présidentielle de novembre 2024.
Donald Trump pointé du doigt
Ces chiffres tombent alors que les dépenses et l’endettement des États-Unis sont déjà l’objet d’une féroce bataille politique entre républicains et démocrates. Le budget 2024 est bloqué à cause de désaccords sur les dépenses. Et un accord est à ce stade impossible, la Chambre des représentants n’ayant plus de président depuis deux semaines, en raison de divisions entre républicains modérés et trumpistes.
Or, il reste à peine un mois aux deux camps pour échapper à une paralysie de l’État fédéral, ou «shutdown», évitée de justesse une première fois en septembre. En juin déjà, les deux camps avaient signé un accord in extremis pour éviter un défaut de paiement. Joe Biden s’était engagé à limiter certaines dépenses afin de les maintenir stables, hors dépenses militaires, en 2024 et en hausse de 1%, hors inflation, en 2025.
Il avait aussi consenti à raboter de 10 milliards de dollars des fonds alloués aux services fiscaux pour se moderniser et renforcer les contrôles. En 2022, le déficit budgétaire des États-Unis s’était réduit de moitié par rapport à 2021.
L’arrêt de mesures d’aide liées au Covid-19 avait permis de baisser les dépenses, tandis que la reprise du marché de l’emploi américain avait fait croître les recettes issues de l’impôt sur le revenu, de loin la première ressource de l’État fédéral. Le déficit avait atteint un record historique en 2020, dépassant les 3000 milliards, en raison des dépenses liées à la crise sanitaire du Covid-19.