Maghreb - L’Algérie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc

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MaghrebL’Algérie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc

Les tensions sont montées d’un cran, mardi, entre l’Algérie et le Maroc. Alger reproche notamment à Rabat de vouloir l’indépendance pour la Kabylie.

Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères, estime que le Maroc «entraîne le conflit au lieu de l’intégration dans la région» du Maghreb. Mardi soir, Rabat n’avait pas encore répondu.

Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères, estime que le Maroc «entraîne le conflit au lieu de l’intégration dans la région» du Maghreb. Mardi soir, Rabat n’avait pas encore répondu.

AFP

L’Algérie a annoncé mardi la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc voisin, accusant le royaume «d’actions hostiles» à l’égard d’Alger après des mois de tensions exacerbées entre ces deux pays du Maghreb aux relations traditionnellement difficiles, une décision «unilatérale» dénoncée comme «injustifiée» par Rabat.

«L’Algérie a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc à partir d’aujourd’hui», a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, lors d’une conférence de presse. Ramtane Lamamra a reproché à Rabat de «n’avoir jamais cessé de mener des actions hostiles à l’encontre de l’Algérie». «Les services de sécurité et la propagande marocains mènent une guerre ignoble contre l’Algérie, son peuple et ses dirigeants», a-t-il accusé.

Dans un communiqué publié tard mardi, le ministère marocain des Affaires étrangères a regretté la décision «complètement injustifiée mais attendue» de l’Algérie, condamnant une «logique d’escalade» et rejetant «les prétextes fallacieux, voire absurdes, qui la sous-tendent».

Fin juillet, le roi Mohamed VI avait déploré les «tensions» avec l’Algérie, invitant le président algérien Abdelmadjid Tebboune «à faire prévaloir la sagesse» et «œuvrer à l’unisson au développement des rapports» entre les deux pays.

«C’est une mauvaise décision, c’est comme rompre les relations avec le voisin de ta maison», a déploré Mohamed, un chauffeur de bus marocain interrogé par l’AFP.

Traditionnellement difficiles, les relations entre l’Algérie et son voisin marocain ont connu une récente dégradation en raison, notamment, de l’épineux dossier du Sahara occidental.

Menaces israéliennes

La normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël -- en contrepartie d’une reconnaissance américaine de la «souveraineté» marocaine sur ce territoire -- a encore avivé les tensions avec l’Algérie, soutien de la cause palestinienne, qui a dénoncé des «manœuvres étrangères» visant à la déstabiliser.

Alger a très mal pris des propos du chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid qui a exprimé, lors d’une visite officielle le 12 août à Casablanca, ses «inquiétudes au sujet du rôle joué par l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine (UA)». «Des accusations insensées et des menaces à peine voilées», selon Ramtane Lamamra.

Les liens diplomatiques avaient été rompus une première fois entre les deux pays quand le 7 mars 1976, Rabat mettait fin à ses relations avec Alger qui avait reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD), autoproclamée par les indépendantistes du Front Polisario. «La provocation marocaine a atteint son paroxysme lorsqu’un délégué du Maroc aux Nations unies a appelé à l’indépendance du peuple de la région de Kabylie», a encore dit mardi Ramtane Lamamra, une démarche qu’il a qualifiée de «dangereuse et irresponsable».

«Actes hostiles»

Alger avait rappelé en juillet son ambassadeur à Rabat pour «consultations avec effet immédiat», à la suite de «la dérive de la représentation diplomatique marocaine à New York qui a distribué une note officielle aux pays membres du Mouvement des non-alignés dans laquelle le Maroc +soutient publiquement et explicitement un prétendu droit à l’autodétermination du peuple kabyle+».

Durant une réunion du Mouvement des non-alignés les 13 et 14 juillet à New York, l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, avait fait passer une note dans laquelle il estimait que «le vaillant peuple kabyle mérite (…) de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination».

Une ligne rouge pour Alger qui s’oppose à toute velléité indépendantiste de la Kabylie, région berbérophone du nord-est de l’Algérie. Le diplomate marocain avait alors exprimé son soutien au séparatisme kabyle en réaction à l’appui apporté par Alger aux indépendantistes sahraouis du Polisario qui combattent le Maroc.

Mercredi dernier, Alger avait déjà accusé le Maroc d’«actes hostiles», disant «réviser» les relations entre les deux pays et «intensifier les contrôles sécuritaires aux frontières Ouest». La frontière entre l’Algérie et le Maroc est officiellement fermée depuis le 16 août 1994.

Ces annonces de la présidence faisaient suite à une réunion extraordinaire du Haut conseil de sécurité algérien consacrée aux gigantesques feux de forêt qui ont fait au moins 90 morts dans le nord du pays. Les dirigeants algériens ont accusé le MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie), une organisation indépendantiste, d’être responsable des incendies et du lynchage le 11 août d’un jeune homme accusé à tort de pyromanie en Kabylie, région ravagée par les feux.

Le Haut conseil de sécurité algérien avait accusé le Maroc ainsi qu’Israël de soutenir le MAK. Alger a également mis en cause le mouvement islamo-conservateur Rachad établi à Londres. Ces deux mouvements, bêtes noires du pouvoir algérien, sont illégaux en Algérie où ils ont été classés comme «organisations terroristes» le 18 mai dernier.

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