Politique énergétiqueLe Conseil national refuse de réhabiliter le nucléaire
Pas question de revenir sur l’interdiction de construire de nouvelles centrales. Par contre, celles existantes doivent continuer à produire tant qu’elles sont sûres.
- par
- Eric Felley
«L’octroi d’autorisations générales pour la construction de centrales nucléaires est interdit», telle est la formule actuelle qui figure dans la loi sur l’énergie nucléaire helvétique. Et elle va le rester. Dans le cadre du projet pour un approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables, le Conseil national a refusé une proposition de l’UDC, portée par Pierre-André Page (UDC/FR), d’introduire une possibilité d’octroi d’autorisations pour de nouvelles installations nucléaires. «L’eau, le vent et le soleil sont des éléments sympathiques. Mais ils ne suffisent pas. Ne rêvons pas. Soyons réalistes», a tenté de convaincre le Fribourgeois. Mais le résultat est sans appel: 132 voix contre 59 (essentiellement à l’UDC).
Une proposition de Christian Wasserfallen (PLR/BE) pour autoriser les installations nucléaires de la quatrième génération a également été retoquée. Rapporteur de la commission, Roger Nordmann (PS/VD) avait annoncé la couleur: «La question du nucléaire est réglée en Suisse, il n’y a pas de raison de s’écarter de la stratégie votée par le peuple en 2017 avec plus de 58% des voix.» Avant lui, le conseiller fédéral Albert Rösti, dont on connaît pourtant la position favorable au nucléaire, avait dû admettre: «Le Conseil fédéral refuse toute modification de la loi sur le nucléaire».
Pas tirer la prise des centrales
Le Conseil national a refusé aussi une proposition des Vert.e.s visant à se passer des centrales existantes dans un avenir proche. Delphine Klopfenstein Broggini (V/GE) s’en est faite la porte-parole: «Il faut inclure un plan de désengagement pour les centrales existantes. En France, 40% des centrales ont dû être éteintes l’année dernière en raison de problèmes techniques». Elle a rappelé que la dépendance de la Suisse à l’uranium posait problème, car une bonne partie de cette matière provient de la Russie: «Il faut tirer la prise du nucléaire avec un calendrier précis. Les installations existantes doivent être mises hors service au plus tard: Beznau I et II en 2027, Gösgen en 2032, Leibstadt en 2037». Sa proposition a été rejetée par 126 voix contre 65.
Pas de solution pour les déchets
Plusieurs intervenants ont rappelé que la question du nucléaire n’avait pas sa place dans ce dossier sur les énergies renouvelables. Pour Baptiste Hurni (PS/NE): «L’énergie nucléaire n’est pas renouvelable et nous n’avons pas encore trouvé de solution durable pour enterrer les déchets». Pour le représentant du Centre, Stefan Müller-Altermatt (C/SO): «Pour le groupe du Centre, c’est une évidence que ce n’est pas dans une loi sur les énergies renouvelables que l’on va décider de cela. Cela n’a pas sa place ici. Quant aux centrales existantes, elles doivent pouvoir fonctionner tant que leur sécurité est garantie.»