Accord sur le nucléaireWashington admet que Téhéran a fait des concessions
Les États-Unis n’ont pas encore donné leur réponse formelle aux propositions iraniennes, mais l’espoir est permis pour un retour à l’accord sur le nucléaire de 2015.
Les États-Unis ont indiqué, mardi, que l’Iran avait fait des concessions sur des points clés, ravivant les espoirs d’un retour à l’accord sur le nucléaire de 2015, même s’ils n’ont toujours pas donné leur réponse formelle aux propositions iraniennes. Selon un haut responsable américain, Téhéran a notamment abandonné sa demande visant à bloquer certaines inspections de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), un sujet ultrasensible de part et d’autre.
«En plus des restrictions au programme nucléaire que l’Iran aurait à mettre en œuvre, l’AIEA serait de nouveau en mesure de superviser le régime d’inspections le plus drastique ayant jamais existé, permettant de détecter toute tentative de l’Iran de développer une arme nucléaire secrètement», a déclaré ce responsable sous couvert de l’anonymat en raison de la nature sensible des négociations.
Il a ajouté que les inspections internationales «resteraient en place pour une durée indéterminée» en cas d’accord. Les Iraniens exigeaient que l’AIEA cesse leurs enquêtes sur les sites non déclarés en Iran, où des traces d’uranium enrichi avaient été retrouvées. Pour Henry Rome, analyste d’Eurasia Group, l’Iran n’est cependant pas prêt de «céder» sur cette question. «Personne ne sera surpris si cette question resurgit à nouveau à un stade ultérieur de ces négociations», a-t-il dit à l’AFP.
L’Iran a également, ces jours derniers, abandonné une autre exigence, relative à la levée de la désignation des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, en tant qu’organisation terroriste. Cette exigence, à laquelle Téhéran avait lié tout accord pendant des mois, était catégoriquement refusée par les États-Unis.
Flexibles
Les négociations sur le nucléaire iranien, engagées depuis déjà seize mois mais qui avaient été suspendues puis reprises début août, ont pour but de sauver l’accord international conclu en 2015 avec le régime de Téhéran par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) plus l’Allemagne, dont Washington s’est retiré avec fracas en 2018 sous la présidence de Donald Trump.
Le responsable américain a par ailleurs rejeté toute notion de concessions américaines, affirmant que c’est «l’Iran qui a fait des concessions sur des questions importantes». «Il reste encore des disparités à surmonter mais, si nous devions parvenir à un accord pour retourner à l’accord nucléaire (de 2015), l’Iran aurait à prendre de nombreuses mesures significatives visant à démanteler son programme nucléaire», a-t-il ajouté.
Parmi celles-ci, l’Iran se verrait interdire d’enrichir l’uranium au-delà de 3,67% et à en stocker plus de 300 kilos jusqu’en 2031, et des milliers de centrifugeuses seraient arrêtées et démantelées, selon cette source. De son côté, l’Iran a demandé «quelques ajustements» à la proposition d’accord soumise par l’Union européenne aux participants aux négociations, a affirmé mardi le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qui pilote le dossier.
Réunion cette semaine?
Dans une interview à la télévision nationale espagnole, Josep Borrell a confirmé que «la plus grande partie» des participants avaient accepté les demandes iraniennes, dont il n’a pas dévoilé la teneur, et que seule «manquait la réponse des États-Unis». Lundi, Josep Borrell avait même suggéré qu’une réunion pourrait se tenir «cette semaine» à Vienne, siège de l’AIEA.
Les États-Unis ont nié, lundi, retarder ces négociations et assuré qu’ils répondraient par écrit dès «que l’examen (ndlr: des propositions iraniennes) et leurs consultations (seraient) terminés». Les Américains restent très discrets sur les négociations en cours, et a fortiori sur leurs propres concessions, tout en assurant publiquement être prêts à retourner dans l’accord dit JCPOA (le sigle anglais), ce qui se traduirait par la levée des sanctions visant Téhéran sur la vente de pétrole en pleine crise énergétique.
Le président Joe Biden a promis, après son élection, de raviver l’accord nucléaire, mais il fait face à une forte opposition aux États-Unis, notamment de la part des Républicains, d’autant plus que les États-Unis ont récemment dévoilé un complot visant à assassiner John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, fomenté selon Washington par un membre des Gardiens de la Révolution iraniens.