RadioIl y a 40 ans naissait Couleur 3: «C’était une période où tout était possible»
Alors que trente heures de direct célèbrent cet anniversaire, Gérard Mermet, pousse-disques devenu producteur, nous raconte sa folle histoire d’antenne.
- par
- Laurent Flückiger
Le 24 février 1982 naissait sur les ondes Couleur 3. Quarante ans plus tard, ses auditeurs sont plus nombreux à avoir le même âge que la radio plutôt que les 24 ans de moyenne qu’il y avait à son lancement, mais la chaîne demeure. Et c’est suffisamment important pour que trente heures de direct, du 24 février à minuit au 25 à 6 h, les replongent dans son histoire.
Pilier de Couleur 3 durant la première (grande) époque, Gérard Mermet nous partage ses souvenirs. Celui qui a aujourd’hui passé 70 ans était pousse-disques avant de créer la fameuse émission «Carabine FM» avec Lolita et Alain Monney. Indissociable de ce dernier après tout ce temps, c’est d’ailleurs à côté de lui, dans les bureaux de Yaka Productions, qu’il décroche son téléphone.
Le lancement de Couleur 3 a eu lieu le 24 février 1982 à midi pile. Vous en étiez?
Non, je suis arrivé un ou deux ans après. Je traînais près des studios, je connaissais de vue un des fondateurs, Jean-François Acker, et un jour il me demande si je veux faire de la radio. Il me donne trois disques et me demande de les annoncer à l’antenne. Je prononce comme je peux les noms avec un très mauvais accent anglais et il me dit que je suis engagé! Au début, j’étais un pousse-disques, et très vite je me suis mis à inventer des petites histoires.
Comment était l’ambiance à l’époque?
La musique était plus rock qu’aujourd’hui. Couleur 3, c’était un espace de liberté, c’était nouveau. À partir de là, il y a eu tous les excès. Il y a un peu de poudre qui traînait, mais c’était les années 80. Il y avait beaucoup de travail et en même temps une telle envie de faire de la radio.
Vous aviez lancé un concours de crottes de nez.
Ah, vous connaissez ça. Oui, j’avais demandé aux auditeurs de nous envoyer leurs crottes de nez…
Vous en avez reçu?
Mais sûrement!
En 1985, vous lancez «Les aventures de Marcel Ripoux». C’était quoi?
Un feuilleton où il ne se passait rien. On a quand même fait une centaine d’épisodes.
Puis, il y a eu Carabine FM qui sera alors transposé à la télévision en 1986. C’était pour insuffler l’esprit de Couleur 3 sur la TSR?
Il y a un peu de ça. L’été précédent, la TV a demandé à Couleur 3 de faire des soirées. C’était dès 22 h, quatre fois par semaine, ça s’appelait «Étoiles à matelas». On pouvait faire ce qu’on voulait. Guillaume Chenevière (alors chef des programmes de divertissement et culture avant de devenir directeur général) nous a tendu un trousseau de clés et nous a dit: «Je pars en vacances, faites pas les cons.» C’était une période où tout était possible.
Racontez-nous une anecdote et un flop. Par exemple, une émission ratée parce que personne n’était là…
On était toujours à l’heure! Dans les années 80, avec Lolita et Alain, on présentait «Tatouages» de 5 h à 9 h du matin. On était dans notre bulle, la programmatrice était en face. Je me souviens que juste avant de commencer elle nous montrait toujours ses nichons. C’était bref mais sympathique!
Et un flop?
Une nuit, un animateur de Couleur 3 a défoncé la cafétéria. Je ne donnerai pas de nom.