FootballElodie Crausaz prête à «bouffer» du ballon!
À la RTS depuis 2019, la Fribourgeoise a l’opportunité de commenter depuis Genève des rencontres de Coupe du monde. Ce matin ce sera Allemagne – Maroc pour elle…
- par
- Christian Maillard
Quand elle était gamine, contrairement à certains de ses collègues, elle n’a jamais pris un micro en mains et commenté des matches de foot seule dans sa chambre. Si cette passion pour le ballon rond est venue très forte sur le tard, c’est tout d’abord en suivant des rencontres au bord des terrains de ligues inférieures, avec son papa, son grand-père, ses frères, en famille qu’Elodie Crausaz est devenue avec le temps incollable sur ce sport qui n’est plus uniquement une affaire d’hommes. «Le foot chez les Crausaz est quelque chose d’ancré, il nous a réunis et permis ensuite de voyager.»
Après ses «premiers balbutiements» à Fréquence Banane, la radio lausannoise universitaire, de s’affirmer à Radio Fribourg et Radio LFM avant de se faire repérer à l’antenne durant quatre ans à Teleclub (Blue), cette Broyarde de 39 ans, qui a rejoint la RTS en 2019, est devenue l’une des spécialistes de la rubrique foot où elle a l’honneur de suivre, depuis Genève, la Coupe du monde féminine.
Comme Marion Rousse sur le plateau du Tour de France, qui maîtrise son sujet à la perfection, Elodie Crausaz a réussi, petit à petit, à se faire sa place dans ce milieu souvent macho, que ce soit dans la rédaction ou lorsqu’elle interviewait un joueur du championnat de Suisse. «Quand je suis arrivée à Teleclub en 2015, je partais de loin, mais j’ai eu de la chance, reconnaît Elodie. Je n’ai entendu que très peu de commentaires déplacés. J’ai pu compter sur des collègues bienveillants qui m’ont coachée en répondant à toutes mes questions parfois un peu bêtes, sourit-elle. J’ai pu asseoir ensuite une certaine forme de crédibilité et travailler suffisamment pour être au niveau. Pour moi le sport c’est comme la musique, il réunit des gens qui vibrent ensemble. C’est avant tout un plaisir. Après, la culture du foot ne s’invente pas, mais les connaissances viennent avec le temps, en bossant encore plus et avec les conseils des collègues.»
La Fribourgeoise, qui a déjà commenté deux rencontres depuis le début de la compétition (Australie - Irlande et Zambie - Japon) sera à nouveau devant son petit écran et au micro ce lundi matin à l’occasion de l’entrée en lice des Allemandes et du Maroc. «Même si c’est un sport que j’adore et que je connais, l’expérience du commentaire c’est encore autre chose, admet la journaliste. Je suis en dehors de ma zone de confort qui est le plateau, en plus seule sans consultante c’est une autre limonade. Mais de commenter des matches de Coupe du monde c’est une belle opportunité qu’on m’offre et c’est vraiment excitant. Je sens que, match après match, comme disent les footballeurs, je suis de plus en plus à l’aise, même si c’est clair qu’il y a encore un peu de fébrilité, un manque d’expérience et des heures de vol. Mais il n’y a pas de miracle: pour devenir un bon commentateur ou une bonne commentatrice il faut en bouffer comme on dit. Là, c’est une bonne occasion et je suis reconnaissante de la confiance qui m’est témoignée dans ce cadre-là.»
Si, à cause du décalage, elle n’a pas pu assister à toutes les parties jusqu’à maintenant, elle a pu toutefois juger le niveau de cette Coupe du monde. «Sur ce que j’ai vu, le foot féminin évolue, même s’il y a forcément des différences de niveau perceptibles suivant les équipes, notamment avec celles qui disputent leur première édition, estime celle qui a eu un peu mal pour les Zambiennes face au Japon. Mais de manière générale, je trouve le spectacle intéressant où on devrait retrouver, comme la Coupe du monde masculine, les meilleures formations émerger dans les phases éliminatoires.»
À deux ans de l’Euro qui se déroulera en Suisse, la RTS a donc décidé de s’impliquer pour le foot féminin et de mettre les moyens pour cette Coupe du monde aux Antipodes avec deux journalistes TV (Fred Scola et Jérémie Henriod), un reporter radio (Grégoire Perroud) ainsi qu’une consultante (Noémie Beney) en Nouvelle-Zélande autour de l’équipe nationale mais aussi d’autres personnes à la rédaction chargées des réseaux sociaux et du web. À fond derrière la Nati!
«Après ce match contre les Philippines qu’il ne fallait surtout pas perdre, les Suissesses vont certainement être malmenées ce mardi contre la Norvège, la favorite du groupe qui se retrouve dos au mur après sa défaite face à la Nouvelle-Zélande. Mais, estime Elodie Crausaz, elles ont leur destin entre les mains.» Ce sera mardi à 10 h (heure suisse) à Hamilton, match que la Fribourgeoise va forcément regarder attentivement devant son écran pendant que des gamines dans le pays commenteront certainement cette rencontre dans leur chambre…