Hockey sur glaceCinq questions autour de la sélection suisse en vue des JO
L’équipe nationale a livré ses deux derniers matches de l’année 2021 au tournoi de Viège. Elle a battu la Lettonie jeudi (2-1) et la Slovaquie vendredi (3-2).
- par
- Cyrill Pasche - Viège
Le bilan de la préparation en 2021?
Pas terrible, à vrai dire. La Suisse a complètement manqué son entrée à la Deutschland Cup au mois de novembre (cuisante défaite 7-1 face à la Slovaquie, revers 3-0 contre l’Allemagne) avant de se reprendre en fin de tournoi en battant la Russie 3-2. A Krefeld, aucun joueur n’est vraiment sorti du lot et la Suisse de Patrick Fischer, globalement, n’a pas été convaincante du tout.
A Viège ces derniers jours avec une sélection complètement différente de celle qui était à la Deutschland Cup (aucun joueur présent en Allemagne n’a été retenu une deuxième fois pour le tournoi haut-valaisan), la Suisse a livré un bon premier tiers contre la Lettonie jeudi, avant de se compliquer la tâche par la suite. Contre la Slovaquie le lendemain, elle a mis du temps pour monter dans les tours. «A partir du deuxième tiers, nous avons enfin commencé à jouer comme nous devrions le faire», a observé le sélectionneur Patrick Fischer.
Quels joueurs ont marqué des points?
Vincent Praplan fait certainement partie des gagnants à l’issue du tournoi de Viège. Sa chance? Il a retrouvé un poste à l’aile avec deux joueurs avec lesquels il a souvent fait équipe par le passé, notamment aux Mondiaux 2017 et 2019: Gaëtan Haas au centre, Denis Hollenstein à l’aile gauche. Ce trio a été excellent. «J’ai beaucoup aimé cette ligne, s’est réjoui Fischer. Ces trois-là ont des automatismes et jouent très bien ensemble.»
Gaëtan Haas, qui vit un début de saison compliqué avec le HC Bienne, est sur la pente ascendante. Avec ou sans NHL, il devrait faire partie des sélectionnés pour Pékin en raison notamment de son volume de jeu défensif et de sa polyvalence. Il lui reste maintenant quelques semaines pour affiner sa forme. Christoph Bertschy figure aussi dans les bons papiers du sélectionneur et a l’avantage de pouvoir évoluer au centre (comme lors des deux derniers Mondiaux où il avait été excellent) ou à l’aile, sa position en club.
Avec ou sans NHL?
La participation de la NHL aux prochains JO semble de plus en plus compromise. Les cas de Covid explosent actuellement dans la meilleure ligue de la planète et les conditions de quarantaine en Chine (jusqu’à cinq semaines d’isolement) ont refroidi beaucoup de stars du circuit nord-américain. Pour la Suisse, une non participation de la NHL aurait évidemment des conséquences majeures puisqu’elle serait privée de ses piliers: Roman Josi, Nico Hischier, Nino Niederreiter, Timo Meier, pour n’en citer que quelques-uns.
«Nous devons de plus en plus tenir compte de l’éventualité de devoir nous rabattre sur le plan B», admet Patrick Fischer. Un plan B qui ouvrirait toutefois la porte à bon nombre de joueurs évoluant en Suisse dont l’horizon olympique était totalement bouché jusqu’ici (les Fribourgeois Killian Mottet et Samuel Walser notamment). La NHL a jusqu’au 10 janvier pour annuler sans pénalité financière sa participation aux JO. «Mon coeur de hockeyeur espère que le NHL soit à Pékin pour que les meilleurs joueurs puissent s’affronter», a glissé Patrick Fischer, conscient que son souhait risque bien de ne pas se réaliser.
Que faire de Denis Malgin?
L’ancien banni de la sélection (son dernier grand tournoi remonte aux Mondiaux de Paris en 2017) est certainement le joueur le plus doué techniquement de la sélection. Le centre des Zurich Lions, parfois lunatique et soliste, possède toutefois un gros volume de jeu et cette capacité rare à créer du danger à partir de pas grand-chose. La question est de savoir si Patrick Fischer peut lui offrir un rôle offensif à la hauteur de son talent, notamment si les autres centres de NHL (Hischier, Suter, Kurashev) sont aussi de la partie aux JO.
Mais Malgin n’est pas uniquement en concurrence avec les éléments en provenance d’Amérique du Nord. En Suisse, un centre comme Enzo Corvi (Davos) évolue dans un registre identique, tandis que Gaëtan Haas (Bienne) a l’avantage d’être plus consciencieux défensivement tout en étant aussi capable de produire de l’offensive. Avec près de 200 matches de NHL en carrière, Malgin ne serait pas trop dépaysé sur les patinoires olympiques de format nord-américain. Reste que l’ancien joueur du LHC n’a pas été bon du tout durant le tournoi de Viège et n’a en tout cas pas montré qu’il est indispensable à l’équipe de Suisse.
Quels Romands iront aux JO?
Si la NHL participe aux Jeux olympiques, Grégory Hofmann (Columbus Blue Jackets) sera évidemment du voyage. Tout comme Gaëtan Haas (Bienne) pour les raisons évoquées plus haut. A l’arrière, Romain Loeffel est un joueur sur lequel Fischer compte, mais pour lui tout dépendra de la présence ou non de la NHL à Pékin. L’arrière de Lugano, commotionné en début de saison, a peu joué jusqu’ici mais il revient toutefois en forme au bon moment. A Viège, il a d’ailleurs été excellent.
A Genève, Noah Rod est un candidat mais tout dépendra de son état de forme au mois de janvier à son retour de blessure (main fracturée). Le capitaine des Aigles, devenu un des hommes de confiance de Fischer depuis 2018, s’est blessé au pire moment. Idem pour Damien Riat, lui aussi de retour de blessure. Les deux ailiers, qui auraient pu espérer hériter d’une place de 13e ou 14e attaquant, partent de trop loin cette fois-ci avec une concurrence plus rude pour les places de joueurs de soutien. Si la NHL n’est pas à Pékin, Killian Mottet (deux buts au tournoi de Viège), peut espérer se glisser dans la sélection suisse.
Patrick Fischer dévoilera son cadre olympique composé de 25 internationaux le 19 janvier 2022.